L'inquiétante escalade de la violence en Martinique

Intervention de la police nationale sur le terrain après une fusillade et une saisie de dogue (images d'illustration).
Depuis le début de l’année 2022, deux meurtres et deux tentatives d’homicide ont déjà été enregistrés dans l’île. La police est sur les dents face à cette montée en charge alarmante de la violence et réclame à l'Etat plus de moyens pour faire front. La population et les autorités s'inquiètent.

Le sentiment d’insécurité est grandissant en Martinique, où des scènes de plus en plus violentes se multiplient, allant jusqu’au meurtre désormais plus régulièrement. Depuis le 1er janvier 2022, le territoire enregistre déjà 2 homicides avec armes à feu et deux tentatives. Lundi 24 janvier, en milieu de soirée, un jeune de 27 ans a été abattu au volant d’une voiture sur le boulevard général De-Gaulle. L’enquête ouverte pourrait privilégier la piste du règlement de compte.

Explosion alarmante de la violence     

Dix jours auparavant (le 14 janvier), un homme d’une trentaine d’années a été tué lui aussi par balle au Morne-des-Esses, dans le nord atlantique. Ajoutés à ces meurtres, la multiplication de faits de délinquance sur la voie publique, les atteintes à la personne, les vols à l’arraché ou à mains armées, les incendies volontaires, les manifestations non autorisées qui dégénèrent à l’image des vidés sauvages, les guérillas urbaines comme en novembre et en juillet 2021, ainsi que les trafics d’armes et de drogue à répétition.

Ces faits de violence se déroulent désormais de jour comme de nuit, avec des individus qui n’ont pas froid aux yeux, souvent encagoulés et en possession d’armes de gros calibres dans certains cas.  

La police se réorganise pour tenter de faire front  

Face aux malfaiteurs, la police nationale est "à flux tendu, faute de moyens humains suffisants" s’évertuent à rappeler sans cesse les syndicats. Depuis le 13 janvier 2022, la Direction Territorial de la Police Nationale (DTPN) est opérationnelle en Martinique. Son objectif est d’"optimiser et de fluidifier la coordination opérationnelle de la police", en regroupant les services de la Sécurité Publique, de la PAF (Police Aux Frontières), de la PJ (Police Judiciaire), des Renseignements et de la Formation.

Patrouille de la police nationale avec leurs collègues de la municipale à Fort-de-France (photo d'illustration).

De son côté, la population s’inquiète de cette escalade de la violence qualifiée de "gratuite" par beaucoup. Certains martiniquais envisagent même d’aller s’installer ailleurs "si cela continu", un effroi partagé par plusieurs élus, comme le maire de Fort-de-France, Didier Laguerre. Malgré la vidéosurveillance installée dans sa ville, ce dernier considère lui aussi que les moyens de la police sont insuffisants.

La vidéoprotection ne règle pas tous les problèmes en matière de sécurité. Je rappelle que lorsqu'on parle de meurtre, lorsqu'on parle de braquage, lorsqu'on parle de sécurité publique, la compétence et la responsabilité est d'abord celle de l'Etat. Lorsque vous avez un niveau de criminalité élevé sur la ville de Marseille, c'est l'état qui prend la responsabilité ce n’est pas la ville de Marseille (…). Nous avons besoin de renforts d'effectifs de police et tout cela relève de la responsabilité directe du gouvernement.

Didier Laguerre

Martinique : 75e sur 107 territoires classés "sûrs"  

Selon une récente publication sur data.gouv.fr, en matière d'insécurité et de délinquance, "sur une année, les forces de police et de gendarmerie de la Martinique ont constaté 16 219 crimes, délits et actes de délinquance. Ce chiffre est rapporté au nombre d'habitants pour déterminer un indicateur qui classe pour 2021 la Martinique, 75e département le plus sûr de France sur 107 analysés, y compris les départements et territoires d'Outre-mer".  

Toujours d’après ce site participatif encadré par le gouvernement, le nombre de victimes de coups et blessures, est "en hausse de 109% sur 20 ans" en Martinique.

En 20 ans, dans le département de la Martinique, le nombre de victimes de coups et blessures est passé de 1 103 en 2000, à 2 304 en 2020.

data.gouv.fr