Nous sommes, le lundi 10 janvier 2022, et c'est une nouvelle semaine de mobilisation qui débute pour l'intersyndicale santé. Une semaine décisive pour les salariés soumis à l'obligation vaccinale.
La menace de suspension de contrat se renforce. Certains ont déjà reçu un courrier de mise en demeure.
Aujourd'hui, nous avons reçu des lettres de mise en demeure, mais pas de lettre nominative de suspension. Mais apparemment, cela ne saurait tarder.
Steve Pivaty, secrétaire de l'UGTM Santé
Les personnels soignants et les agents administratifs évoluant en milieu hospitalier sont tous soumis à l'obligation vaccinale.
Parmi ceux qui refusent de se faire vacciner, certains sont en grève depuis plusieurs mois et sont postés jour et nuit, sur le piquet de grève, installé au niveau du port de Fort-de-France, comme Laeticia, (prénom changé pour préserver son anonymat). Mère de 3 enfants, elle est agent administratif. Aujourd'hui, c'est toute sa vie qui est remise en question.
Ça fait 2 mois, que je suis mobilisée sur le port. Je n'ai pas retrouvé mon poste, depuis: en arrêt, impossibilité de reprendre le travail. 19 ans que je travaille à l'hôpital. Ça fait un coup, quand même. Après 19 ans, on me met à la porte, juste pour une injection. C'est dur. Mais je reste sur ma position. Tant qu'il y aura l'obligation vaccinale, je ne pourrai pas reprendre mon travail. Je pense à une reconversion. Parmi mes collègues, certains sont vaccinés. D'autres ont un pass. C'est vrai qu'il y a quand même une tension, entre vaccinés et non vaccinés.
Agent administratif
Ce piquet de grève nous permet aussi, de répondre aux questions des collègues qui sont en souffrance. Là, ce matin, j'ai reçu une dame qui est assistante de vie sociale (AVS) qui a été renvoyée. Ça veut dire, pas de salaire. Donc, je l'ai orientée vers les médecins.
Saphir Germnay, infirmière
L'intersyndicale a mis en place une cellule de soutien psychologique, sur son piquet de grève, situé au niveau du rond point du port. Les militants se relayent et échangent entre eux.
On a fait un état des lieux, concernant les collègues de travail. On a remarqué qu'il y avait beaucoup de personnels en état de souffrance. On avait fait même fait la proposition à la direction, de mettre en place cette cellule de soutien psychologique, ce qu'elle n'a jamais fait. Donc à l'intersyndicale de la santé, nous avons mis en place, sur le port, une cellule avec un psychiatre, un psychologue qui reçoivent à des jours précis, le personnel en souffrance. A l'heure où je parle, jusqu'au 29 de ce mois, tous les jours, c'est complet. C'est fait gratuitement.
Steve Pivaty, secrétaire de l'UGTM Santé
Selon les chiffres de l'ARS, le taux de couverture vaccinal global, des professionnels travaillant dans le secteur de la santé et du médico-social en Martinique, atteint les 72%.
86% des professionnels de santé libéraux sont vaccinés, ce qui représente plus de 9 médecins sur 10, 82% des infirmiers et 87% des masseurs kinésithérapeutes.
Dans les établissements médico-sociaux, plus de 8 agents sur 10, exerçant auprès des personnes âgées, sont en conformité.
L'intersyndicale a une autre lecture des chiffres.
On n'est pas d'accord. Au CHUM, ils sont incapables de nous donner les chiffres. L'ARS, en préfecture, était incapable de nous donner les chiffres. Donc, nous pensons que c'est une stratégie pour faire peur aux agents, afin qu'ils courent à la vaccination. Dernièrement, on nous annoncé que la vaccination du personnel du CHUM était à 35%. Comment, en l'espace de quelques jours, peut-on passer de 35 à 70%?
Steve Pivaty, secrétaire de l'UGTM Santé
Selon l'ARS, plus de 1 400 professionnels de santé se sont inscrits à la cellule d'écoute et de dialogue, visant à accompagner les salariés qui ne se sont pas soumis à l'obligation vaccinale.