Moins 8 centimes le litre d’essence sans plomb et moins 10 centimes pour le gazole : le tarif des carburants affiche une baisse au 1er juin 2023 en Martinique. Les prix de ces deux produits de première nécessité diminuent respectivement de 4,3% et de 6,2%. Pour la bouteille de gaz à 23 euros 32, la baisse est de 7,4%.
Le gouvernement prendrait donc au sérieux les exigences de la population et de ses élus de lutter résolument contre la vie chère ? C’est le préfet, qui, rappelons-le, fixe des prix de ces produits. Que nenni ! Comme tous les mois, un fonctionnaire anonyme a rédigé un communiqué incompréhensible au commun des usagers de la route pour expliquer les fluctuations des prix des carburants à la pompe.
La fixation des prix des carburants nous échappe
Fluctuations ? En vrai, ces prix vont sûrement augmenter ou baisser le mois prochain. Nul ne le sait. Le communiqué de la préfecture prétend que ces prix sont déterminés selon plusieurs paramètres. Le premier est le cours du baril de pétrole brut sur le marché mondial. Il a baissé de 11,7 % en mai 2023 pour atteindre 75 dollars. Par le passé, le prix du baril a pu grimper jusqu’à 150 dollars et chuté jusqu’à 30 dollars.
Si le pétrole brut est moins cher, les produits de raffinage que sont les carburants utilisés pour les moyens de transport sont moins chers. Logique imparable. Seulement, nul ne sait qui perd vraiment dans l’histoire, hormis les consommateurs. Sûrement pas les compagnies pétrolières. Imagine-t-on un seul instant Shell, Exxon ou Total en faillite ?
Le second paramètre entrant dans la fixation du tarif des carburants dans notre économie administrée est la parité entre l’euro, notre monnaie, et le dollar, la principale monnaie des échanges commerciaux internationaux. Pour 1 euro, il fallait environ 1,09 dollar. La stabilité est de mise sur les marchés financiers. Leurs acteurs, eux non plus, ne perdent pas au change - sans jeu de mots.
Le capitalisme financier à l’encontre de nos intérêts
Ils ne s’interdisant jamais de spéculer sur les prochaines hausses ou les futures baisses des matières premières, dont le pétrole brut, se ramassant au passage de substantielles commissions. Il ne s’agit pas de bien ou mal, mais de capitalisme financier, tout simplement. Et le pouvoir d’achat des automobilistes martiniquais dans tout ça ? Un peu d’humour, tout de même !
En attendant le tarif du mois prochain, nous pouvons poser quelques questions pouvant paraître étranges. Par exemple, comme justifier, rationnellement, que nous importions du pétrole de la mer du Nord alors que cette matière première est exploitée à profusion au Brésil, au Vénézuéla, à Trinidad, au Mexique et aux États-Unis ?
Le pétrole traverse la mer du Nord puis la Manche puis l’océan Atlantique avec une empreinte carbone gigantesque. Or, nous restons impuissants face à cette absurdité écologique et à ce non-sens économique, alors que même que nous pourrions nous approvisionner dans notre géographie cordiale.
Les énergies renouvelables sont négligées
Un autre exemple est celui des énergies renouvelables dans notre production d’énergie. Elles n’entrent que pour 25% dans notre production d’énergie. Pourtant, nous disposons de tous les atouts naturels pour les développer. La mer, le soleil et le vent sont des réservoirs inépuisables d’énergie.
Leur exploitation ne met pas en péril l’équilibre de la nature ni ne met en péril la survie de l’espèce humaine. Mais il se trouve que le système est tel que les usagers de la route sont contraints, chaque fin de mois, soit de se réjouir que l’essence coûte moins cher, soit de déplorer qu’elle coûte plus cher.
Il faudra bien que l’on nous explique, un jour ou l’autre, les raisons pour lesquelles nous sommes obligés de dépendre d’une source d’énergie que nous savons condamnée à terme. Quelle est la logique de ce système, après tout ?