La Banque Alimentaire de Martinique s’apprête à reconstituer ses stocks (samedi 13 et dimanche 14 mai 2023), quelques mois avant la saison cyclonique. La BAM est d'ailleurs en quête de bénévoles pour mieux distribuer les colis reçus, aux associations caritatives (Croix Rouge, Secours Catholique, Saint-Vincent-de-Paul, Secours Adventiste, Le Fourneau notamment), aux épiceries solidaires et aux centres communaux d’action sociale.
La pauvreté s'aggrave
Ces colis sont remis ensuite aux familles et aux personnes nécessiteuses, qui se comptent de plus en plus nombreuses. Le chômage et le sous-emploi restent de sérieux handicaps dans notre société et des facteurs aggravent la pauvreté. Les catégories les plus touchées sont les personnes sans emploi, les retraités, les jeunes et les mères célibataires.
Pour ajouter à ce sombre tableau, du fait de la pandémie et du premier confinement, les fermetures de petites entreprises se sont succédés, au point que l’INSEE constate que de nombreux salariés ou travailleurs intermittents, jusque-là épargnés, ont basculé dans la précarité.
Or, la situation économique ne va pas s’améliorer à court terme. Il n’existe pas de créations massives d’emplois, ni de créations inhabituelles d’entreprises. L’atonie de notre tissu économique risque de se prolonger, et ses effets collatéraux avec, dont le taux de la pauvreté mesuré par l’institut de la statistique. Depuis une dizaine d’années, il oscille entre 27 et 31 %.
4 personnes sur 10 en situation de privation matérielle et sociale
Il faut comprendre que le tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté monétaire, avec moins de 1 100 euros par mois. Mais ce chiffre ne traduit pas la totalité et la complexité du phénomène de la précarité. Cet "état" s’illustre par un accès limité ou impossible aux soins, aux transports, aux activités culturelles, aux loisirs, à l’éducation des enfants. Aujourd’hui, 4 personnes sur 10 vivent en situation de privation matérielle et sociale, selon le vocabulaire officiel.
Ce sont des personnes qui survivent avec une série de restrictions pour se loger, s’habiller, s’alimenter, se déplacer, posséder une voiture ou un accès à internet. La pauvreté persiste, même si elle est parfois masquée. Et contrairement à une idée reçue, nos parents ne vivaient pas mieux que nous. Au contraire.
100.000 personnes ont besoin d’une aide
C’est donc que le phénomène ne se résorbe pas ou qu’il s’amplifie. Derrière les statistiques, la réalité interpelle : chaque fois que nous voyons autour de nous trois personnes, il y en a une qui vit en situation de précarité plus ou moins extrême.
Ce n’est pas un hasard si la BAM estime que 100.000 personnes ont besoin d’une aide pour assurer leurs repas quotidiens. Il faudra se poser la question un de ces jours, sur les solutions pérennes à trouver, pour que chacun puisse vivre décemment... Il serait temps.