La campagne des élections territoriales s’intensifie sur les réseaux sociaux en Martinique

Désormais, presque tous les candidats à l’élection de la Collectivité Territoriale de Martinique utilisent les réseaux sociaux pour s’adresser directement aux électeurs, afficher leurs propositions ou diffuser des meetings. Dernière tendance, la mise en ligne des clips de campagne.

La campagne s’accélère, à moins d’une semaine du premier tour de l’élection territoriale pour ce qui concerne la Martinique. Si les pratiques traditionnelles sont encore d’actualité (propagande en voiture sonorisée, porte-à-porte, mailing, conférence chez l’habitant, interviews radio-tv…), il est indubitable que la campagne virtuelle a le vent en poupe.

La faute au coronavirus ?

 

Certes, la situation sanitaire a considérablement perturbé l’organisation habituelle des élections depuis les municipales de 2020 jusqu’à aujourd’hui, à cause des confinements et couvre-feux successifs. Mais cette communication interactive est aussi une aubaine pour tous les candidats, parce-que plus directe via le téléphone portable, davantage médiatisée grâce à la multiplication des supports et à moindre frais.

La "net.communication" en direct... et à tout moment
 

Finis donc les grands meetings devant des centaines voire des milliers d’électeurs potentiels selon la popularité des candidats. Ces derniers n’ont plus le choix : la "net communication" est incontournable non seulement pour cibler les messages par rapport aux attentes des citoyens et élargir sa base électorale, mais également pour enregistrer de nouvelles adhésions en ligne, télécharger les programmes, mobiliser les militants, récolter des dons…

Mais les prises de parole en direct et visionnables à tout moment en replay (enregistrement en différé) ont le vent en poupe. Cette alternative gratuite est offerte grâce notamment au Facebook-live, une technologie à laquelle tous les prétendants ont recours. Bien sûr, c’est aussi l’occasion pour les partisans de poster des commentaires, de publier des communiqués de presse et des photos, de donner rendez-vous, ou encore de répondre aux adversaires (à la place des candidats) avec virulence parfois.

Tout est gratuit 

 

Autre avantage, c’est la possibilité de diffuser sa publicité de campagne sans aucune contrainte, avec un temps de parole illimité, contrairement aux émissions réglementées en radio ou à la télévision.    

Reste à savoir si cette dynamique web incitera davantage les électeurs à aller voter les 20 et 27 juin 2021 (en cas de second tour). En 2015, le taux d’abstention au 1er tour a frisé 59% contre un taux de participation de 41,12%.

Bureau de vote (image d'illustration).

L’abstention : la grande inconnue

 

A propos de cette désaffection du corps électoral observée au fil des ans, Justin Daniel, professeur de science politique à l’Université des Antilles de Schoelcher, avançait ces quelques éléments d’analyse (parmi d’autres) au lendemain du second tour en 2015.

On ne reviendra pas ici en détail sur les facteurs explicatifs de cette relative désaffection du corps électoral.

On se contentera de les rappeler brièvement :

 

  • Difficulté pour l’électeur de se repérer dans un jeu politique et électoral qui tend à bousculer les clivages traditionnels ;
  • Porosité des frontières partisanes et idéologiques induisant une perte de repères de la part des électeurs habitués à fonctionner sur la base de leur identification partisane ;
  • Restructuration du paysage politique autour de vastes coalitions aux contours mouvants et dont la cohérence idéologique peut parfois laisser perplexe (…).

(Justin Daniel - univ-ag.fr )