La Martinique n’est pas le seul pays de la Caraïbe qui subit les effets délétères et mortifères du trafic international de drogues et d’armes. Invité à Port-of-Spain, Serge Letchimy a pu entendre plusieurs chefs de gouvernement de la région proposer des solutions pour casser la spirale de la violence qui gangrène nos sociétés.
Le président du conseil exécutif de la CTM leur a confié que l’année dernière, douze tonnes de cocaïne ont été saisies en Martinique. Valeur marchande : 360 millions d’euros. Or, le dixième seulement de la drogue transitant sur notre sol est intercepté, le marché global étant évalué entre 3 et 5 milliards d'euros.
La Martinique est, hélas, bien placée dans ce commerce illicite. La procureure de la République le confirme, dans une interview à nos confrères de France-Antilles, lundi 17 avril 2023. Clarisse Taron est en charge de la coordination de la lutte contre le crime organisé dans les territoires français de la Caraïbe.
La Martinique bien placée dans le trafic
Elle pointe du doigt le nombre faramineux d’arrestations de personnes transportant de la drogue, les mules, essentiellement en Guyane. Un phénomène de plus en plus présent ici. Non seulement les passeurs venant de Cayenne effectuent un crochet par l’aéroport du Lamentin. Mais en plus, plusieurs jeunes de chez nous ont été arrêtés ces derniers mois à Orly, au Havre, à Montpellier.
Toutefois, les plus gros volumes de la surproduction de cocaïne colombienne arrivent en Europe par conteneurs, par bateaux privés ou par colis postaux. Le port de Fort-de-France est l’un des points de transit de cette marchandise fortement demandée.
Le constat est là : nous sommes impuissants pour lutter seul contre ce fléau. D’où la plaidoirie de Serge Letchimy pour l’intégration réelle des territoires français de la région dans le Caricom, où nous ne sommes que des invités. Notre adhésion nous permettrait de participer concrètement à la lutte coordonnée contre la criminalité.
L’unité politique, début de la réponse
Le Premier ministre de Trinidad-et Tobago, Keith Rowley, hôte du symposium, a déclaré que tous les pays devraient élaborer une législation unique à l’échelle de la Caricom au lieu d’empiler les textes nationaux. Il a ajouté que l’organisation caraïbe va exiger du président américain Joe Biden un effort plus important de son pays pour empêcher l'afflux d'armes dans la région. Un trafic allant de pair avec celui des stupéfiants.
La Caricom va rappeler à la Maison Blanche qu’elle s’est rangée aux cotés des Etats-Unis dans la guerre contre l’afflux de cocaïne via le Vénézuela, l’Amérique centrale et l’archipel caraïbe. Il est temps de lui renvoyer la balle, en quelque sorte.
En attendant une éventuelle réponse de la Maison Blanche, un pas important a été franchi à Port-of-Spain.
Une chose est certaine : les chefs politiques de l’archipel sont tous conscients que les trafics de drogue et d’armes menacent la cohésion sociale dans tous nos pays. Notre Caraïbe est beaucoup plus vulnérable que nous le pensons.