Les violences sexuelles se "généralisent" en Haïti, sans accès aux soins

Clinique Médecins sans frontières du quartier de Martissant, à Port-au-Prince, le 2 décembre 2020.
Les violences sexuelles sur les femmes sont en train de se "généraliser" en Haïti, et l'accès aux soins se raréfie, sur fond de flambée des attaques des gangs armés sur la population civile, dénonce lundi Human Rights Watch.

Selon l'ONG Human Rights Watch, 4.000 femmes, adultes et mineures, ont rapporté avoir subi des violences sexuelles entre janvier et octobre. Le nombre de cas dans lesquels les enfants sont victimes a augmenté de 1.000% par rapport à la même période en 2023, ajoute-t-elle, citant des chiffres de l'ONU. La plupart des cas restent sous silence, rajoute l'ONG." Les groupes criminels ont souvent utilisé les violences sexuelles pour provoquer la peur sur des territoires rivaux. Les affrontements entre ces groupes ont diminué en 2024, mais les attaques sur la population, la police et contre les services clés ont augmenté, y compris à travers la généralisation de ces violences sexuelles", écrit dans un communiqué l'organisation internationale.

Depuis fin février, Haïti, pays pauvre déjà plongé dans des années de crises, fait face à une flambée d'attaques de gangs, accusés de meurtres, d'enlèvements et de violences sexuelles à grande échelle. Ces gangs, qui contrôlent environ 80% de la capitale Port-au-Prince, s'en prennent régulièrement aux civils malgré le déploiement cette année d'une mission multinationale d'appui à la sécurité menée par le Kenya et soutenue par l'ONU.

De nombreuses victimes n'ont pas accès aux services de soins

"L'État de droit en Haïti est tellement en miettes que des membres de groupes criminels violent des filles ou des femmes sans craindre aucune conséquence", souligne dans le communiqué Nathalye Cotrino, chercheuse sur les crises et les conflits à Human Rights Watch. L'organisation a mené des dizaines d'entretiens à Port-au-Prince et à distance. Selon elle,"de nombreuses victimes subissent les effets des abus physiques et des mauvais traitements ou finissent enceintes, sans avoir accès à des services médicaux, psychosociaux ou juridiques, même celles qui contractent des infections sexuellement transmissibles, ce qui est le cas pour un grand nombre de victimes, en particulier le VIH".

Nathalye Cotrino appelle la communauté internationale à "augmenter de toute urgence le financement de programmes complets de soutien aux victimes de violences sexuelles" et à octroyer aux autorités les "ressources nécessaires pour rétablir l'État de droit, assurer une sécurité de base et reconstruire les systèmes de santé et de justice".