L’heure de l’alternance politique a-t-elle sonné ? La question se pose, à l’occasion des élections territoriales dont le premier tour est plus que jamais incertain.
Le moment est-il arrivé de changer en profondeur nos représentants ? Les discussions font florès sur ce thème. Elles révèlent une soif légitime d’une bonne proportion de l’opinion publique quant à un nécessaire changement dans la gouvernance de la Collectivité Territoriale de Martinique.
Pour prendre une image, la roue est en train de tourner. Nous sommes parvenus à la charnière de deux époques. La première est celle des chefs charismatiques dirigeant des mouvements politiques disposant d’un fort ancrage militant et d’une doctrine cohérente. La seconde serait celle d’une série de personnalités ayant réussi dans leur vie professionnelle ou sociale et désireuses de se mettre au service du bien public.
Il reste à valider, ou pas, cette analyse, selon les résultats des élections. Des résultats d’autant plus compliqués à décortiquer que nous risquons de noter une abstention élevée. Ici comme ailleurs, la pandémie provoque un certain repli sur soi, y compris pour un acte civique comme le vote. En plus, des fractions entières de la population risquent de bouder les urnes en raison d’une forte déception volontiers exprimée.
A la charnière de deux époques politiques
Le dépit est grand, quand nous constatons que notre personnel politique perd une énergie incalculable dans des zizanies secondaires. Or, dans le même temps, des sujets complexes relevant de l’action des élus et des collectivités qu’ils administrent ne trouvent pas de réponse satisfaisante. Deux exemples illustrent le degré d’insatisfaction auxquels sont parvenus de nombreux citoyens.
C’est le cas pour une politique cohérente de transport. D’indéniables progrès ont été accomplis. Les usagers des réseaux Nord et Sud témoignent d’une incontestable amélioration du service rendu. Bémol : les lignes desservant l’agglomération de Fort-de-France et les communes sont correctement fréquentées, mais des progrès sont attendus pour assurer les liaisons à l’intérieur d’une commune.
L’autre exemple est celui de la gestion de l’eau potable. La ressource, abondante, continue d’être gaspillée à hauteur de la moitié de la ressource journalière produite. En dépit de décisions, de délibérations, de manifestations de protestation, rien n’y fait. La Martinique regorge d’eau mais ne sait pas l’utiliser. C’est à pleurer sur l’inefficacité de nos élus.
Redonner confiance en la politique
A travers ces deux exemples, nous pouvons mesurer une déception proportionnelle à l’espérance qu’avait fait naître l’avènement de la nouvelle collectivité unique en 2015. Après une quinzaine d’années d’atermoiements, nos élus avaient réussi à s’entendre sur la modernisation de notre organisation institutionnelle.
Il a fallu convaincre plus sieurs présidents de la République pour parvenir à un résultat imparfait certes, mais fruit de la réflexion collective et presque consensuelle de nos représentants. L’objectif était clair : simplifier les processus et les canaux des prises de décision en rendant plus efficient le travail de nos collectivités.
Nous sommes loin du compte, avouons-le. Que dire et que faire pour redonner confiance en la chose politique ? La question reste entière.