La grogne des "ouvriers agricoles empoisonnés" s'étend vers le Sud

Réunion du 11 octobre 2020 du collectif des ouvriers agricoles empoisonnés par les pesticides.
"Le collectif des ouvriers agricoles empoisonnés par les pesticides" a organisé hier (dimanche 11 octobre 2020), une rencontre. Les travailleurs de la terre, dont les plantations sont situées dans le Sud, étaient invités à raconter leurs douloureuses expériences. Tous ont dénoncé un système inique.
Ils avaient rendez-vous à 9h00 dans la salle des fêtes de la ville du François. En respectant les règles de distanciation en vigueur, "le collectif des ouvriers agricoles empoisonnés par les pesticides" a réussi à rassembler dans cette commune du sud, une centaine de personnes.
Réunion du collectif des ouvriers agricoles empoisonnés par les pesticides (11 octobre 2020 au François).
Des hommes et des femmes, des jeunes et moins jeunes, quelques politiques aussi et bien sûr beaucoup de membres d'associations, étaient venu d'abord témoigner, ensuite soutenir.


Des témoignages éprouvants


Après un bref rappel des objectifs du collectif, la parole a rapidement été donnée aux ouvriers agricoles présents. 
Au début timides, une fois lancés on ne les arrêtait plus.

Flavienne, épistilleuse dans les champs de bananes de Bochette au lamentin, est aujourd'hui malade du coeur. Elle a raconté comment elle a été contrainte, "forcée" même, d'épandre des pesticides aux pieds des plants. Le tout sans protection.
Une ancienne ouvrière agricole du Lamentin témoigne.
Mais c'est l'histoire d'une autre ouvrière agricole du Lamentin qui chamboulera le plus l'auditoire.
 

Du poison j'en ai mis sur les bananiers. Si je ne le faisais pas, je n'avais rien!
 


Malaises à répétition, maux de tête, elle sent bien que sa santé décline. Jusqu'au jour de son accouchement. Après une césarienne, on lui arrache son fils. Il a un problème cardiaque ! Elle est persuadée, que "le poison" en est responsable.

Autant de témoignages pour attirer aussi l'attention des politiques. Ils n'étaient que très peu nombreux.


Quelques personnalités pour les soutenir


Garcin Malsa, ancien maire de Sainte Anne, le député Serge Letchimy, l'avocate Claudette Duhamel ou encore Philippe Jock, le président de la Chambre de Commerce et d'Industrie, ont religieusement écouté.
Garcin Malsa, ancien maire de Sainte-Anne.
Ils ont été interpellés sur la question des évacuations sanitaires difficiles pour les ouvriers agricoles, dont les pathologies ne sont pas reconnues comme "maladies du travail" mais aussi sur les montants de leurs retraites, si peu élevés. 
Le député Serge Letchimy, ancien président de la commission d’enquête sur l’impact économique, sanitaire et environnemental de l’utilisation du chlordécone.
La problématique du fameux listing de la Caisse Générale de Sécurité Sociale (CGSS) est justement l'un des combats du docteur Josiane Jos Pélage.
Le docteur Josiane Jos Pélage (robe rose).
Dans un rapide exposé, elle a expliqué comment avec certains de ses confrères, ils ont décidé de "pousser" la CGSS à reconnaitre les maux dont souffrent les travailleurs ayant manipulé, des dizaines d'années durant, des pesticides.

En résumé, le dossier des agriculteurs "empoisonnés" par les pesticides, semble enfin être pris au sérieux. Reste à libérer la parole au sein des ouvriers agricoles.

Dimanche prochain, 18 octobre 2020, le collectif donne donc rendez-vous à tous les travailleurs de la banane, de la canne ou de l'ananas du Nord à participer à sa grande "enquête" sur les maladies potentiellement liées à la manipulation répétée de produits phytosanitaires.