Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la production de sucre en 2024 s'effondre de 36 %. À peine 660,71 tonnes de sucre seront produites cette année, contre 1 034 tonnes en 2023. Une dégringolade inédite, conséquence directe des intempéries qui ont frappé la qualité des cannes.
Ça fait un peu près 35 ans que je suis dans la canne, et je n’ai jamais n’a vu ça.
Éric Eugénie, président du CTCS (Centre technique de la canne et du sucre)
"Une situation inédite, jamais vue en Martinique"
Le retard de récolte est l’une des conséquences les plus visibles de cette crise climatique. Le démarrage 2025 met à mal l’ensemble du calendrier de la filière.
Globalement toutes les exploitations sont en difficulté. Le démarrage de la campagne sucrière est retardé de trois semaines à un mois, mais nous n'avons pas encore de date précise. Nous nous retrouvons dans une situation inédite, jamais vue en Martinique, avec des conditions particulièrement difficiles cette année.
Éric Eugénie, président du CTCS
Les machines de récolte, trop lourdes pour traverser des champs détrempés, peinent à accéder aux parcelles. Cela complique la tâche des producteurs, déjà contraints par les conditions climatiques.
Justin Ceraline, président de la SICA Canne Union, l'explique.
Il faut savoir que pour avoir des cannes sucrées, ce qui permet de produire plus de rhum ou plus de sucre, il faut qu'il fasse sec et qu'il fasse froid durant la nuit. Pour le moment, ces conditions ne sont pas réunies, donc il y a effectivement un risque d'avoir des cannes un peu moins riches que ce que nous souhaiterions.
Éric Grolleau, directeur du CTCS
Des conséquences pour toute la filière
L’impact se fait sentir sur toute la chaîne de production. La baisse de la production de sucre entraîne une chute de 8 % de la production de rhum blanc à 55°, passant de 18,7 millions de litres à 17,1 millions.
Les fortes pluies ont réduit de façon drastique le taux de saccharose extractible, ce qui rend la production de sucre beaucoup moins rentable. Conséquence directe : moins de sucre dans la canne, et par conséquent, moins de rhum. Une double peine pour la filière.
Selon les professionnels du secteur, il faudrait environ 280 000 tonnes de canne pour retrouver un équilibre dans la filière.
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