Emmanuel Macron entendra-t-il les élus d’outre-mer ? Il rencontre, à leur demande, les présidents des collectivités signataires de l’Appel de Fort-de-France. Ce texte a été validé au palais des congrès de Madiana (Schoelcher) le 17 mai 2022 lors de la réunion ministérielle des régions ultrapériphériques françaises.
L’initiative a été prise par Serge Letchimy, le président du conseil exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique. Il a convaincu ses homologues de Guadeloupe, Guyane, Saint-Martin, Mayotte et La Réunion de réclamer au président de la République "un changement profond de la politique outre-mer de l’Etat".
Dans ce texte bref, les élus justifient leur revendication. "Face aux situations de mal-développement structurel à l’origine d’inégalités de plus en plus criantes qui minent le pacte social, il devient urgent d’ouvrir une nouvelle étape historique pour nos territoires d’outre-mer".
Les présidents des collectivités périphériques veulent bâtir un nouveau modèle de développement. Ils exigent des moyens supplémentaires pour mieux adapter leurs décisions aux réalités de leurs territoires. Ils souhaitent dessiner un nouveau cadre de nos relations avec l’État. Ils attendent que l’égalité des droits se traduise aussi par la reconnaissance des spécificités de chacun de nos pays.
Les élus seront-il enfin entendus ?
La réunion de l’Elysée est élargie aux parlementaires et aux maires. Au préalable, nos élus rencontrent les ministres de l’Intérieur, Gérald Darmanin et des Outre-mer, Jean-François Carenco. Tous les sujets qui fâchent doivent être mis sur la table, en principe.
Avant tout, "l’ensemble des questions économiques, sociales et institutionnelles qui se posent à chacun de nos territoires, pour le présent et pour l’avenir", selon l’Appel de Fort-de-France.
Cet appel à la concertation sera-t-il perçu ? Lors du quinquennat précédent, l’Elysée n’a mis en chantier aucune loi de programmation pour nos territoires. Du jamais vu sous la 5e République ! Un tel texte aurait permis de cadrer, d’orienter et de financer l’action conjointe du gouvernement et de nos institutions pour ouvrir la voie à un autre avenir. Or, plus que jamais, l’heure est à la délimitation d’une nouvelle frontière, ou à l’invention d’un new deal pour nos pays, perclus par la désespérance et la morosité.
Après le temps du dialogue de sourds, espérons que le locataire de l’Elysée pourra enfin modifier sa vision de nos lointaines contrées, en sorte d’entendre leur demande de dignité et d’égalité.