Réforme des retraites, augmentation des salaires, amélioration des conditions de travail, licenciements incessants, faillites d’entreprises, chômage persistant, services publics défaillants, égalité salariale entre hommes et femmes : les chantiers sont aussi nombreux que complexes en cette rentrée sociale.
Il reste à savoir si le mouvement syndical dans son ensemble pourra y faire face en mobilisant les salariés et en participant activement au dialogue avec les employeurs.
Le mouvement syndical peut redevenir un acteur public incontournable. À condition qu’il sorte enfin du creux de la vague dans lequel il est tombé depuis la crise de 2009. Celle-ci avait montré de belles perspectives en rassemblant la population au-delà des plateformes revendicatives classiques. Puis la mobilisation civique s’est essoufflée, autant par manque de clarté dans la stratégie syndicale que par le désintérêt marqué des forces politiques qui n’ont pas pris le relai des syndicats.
Aujourd’hui encore, la Martinique paie le prix de cet affaiblissement des organisations syndicales. La faible mobilisation contre la réforme des retraites en est l’une des dernières illustrations. En dépit du caractère injuste de cette réforme mal conçue reposant sur le dogme libéral du "travailler plus pour vivre moins", la population martiniquaise ne s’est pas sentie concernée par ce combat. Ce n’est pas faute pour les syndicats d’avoir tout tenté pour montrer que les futurs retraités vont pâtir des modifications en vigueur depuis ce mois de septembre 2023.
De nécessaires corps intermédiaires
Et ceci alors que les salaires servis du secteur privé restent bas. La moitié des salariés des entreprises sont payés au SMIC ou à un salaire voisin. Ce qui va leur conférer une pension minimale de retraite. Ce sont ces mêmes salariés qui subissent encore trop souvent des conditions de travail dégradées.
Autant dire que leur état de santé ne va pas s’améliorer. D’autant plus que l’hôpital public et le système des soins ne cessent de montrer des signes de faiblesse. Ce qui entraîne en retour une vigilance aiguë des syndicats d’un secteur qui concerne l’ensemble de la population.
Nul ne peut savoir si l’unité syndicale sera possible cette année. Or, sans un mouvement social fort, sans ces nécessaires corps intermédiaires, les effets néfastes se feront ressentir des politiques publiques ne tenant aucun compte des conditions de vie de la population la plus vulnérable sur le plan économique.