La direction de Madivial et les éleveurs n’ont pas la même lecture, sur les finances de la coopérative. Selon les dirigeants qui n’ont pas souhaité s’exprimer pour l’instant, la situation de Madivial est saine, avec un excédent de près de deux millions d’euros.
Certains éleveurs ont une autre analyse, comme Thierry Charles Alfred.
La situation de la coopérative est très catastrophique. Les filiales, n’en parlons même pas. Le déficit, c’est 25 millions d’euros de dettes.
Thierry Charles Alfred, éleveur
Selon Guy Lamic, également éleveur, c’est le mode de gestion qui pose problème.
Toutes les structures qui ont été créées autour de Madivial, coûtent de l’argent à Madivial. Je pense qu’il y a une mauvaise gestion. Nous, éleveurs, nous disons qu’il faut faire ce qu’il faut, pour sauver au moins l’outil.
Guy Lamic, éleveur
Les éleveurs dénoncent un manque de transparence.
Depuis 2019, il y a eu des amendements, sur les statuts, le règlement intérieur de la coopérative. Depuis cela, nous n’avons pas les statuts. La comptabilité des filiales, la comptabilité de Madivial, on n’a rien du tout. Lorsqu’on regarde les comptes de Madivial, il y a une trésorerie de 2 millions, qui correspond à un prêt Garantie Etat ainsi que des charges sociales et des fournisseurs non payés.
Thierry Charles Alfred
Les éleveurs se sont procuré eux-mêmes, les comptes 2021, sur internet. Ils sont accessibles à tous, puisqu’il s’agit d’une coopérative. Cela a réveillé leurs inquiétudes suscitées après les récentes affaires judiciaires dont fait l’objet Madivial. "14 affaires judiciaires, encours ! 14 !" s'exclame Guy Lamic
On nous dit tout le temps qu’il n’y a rien et que c’est correct. Pourtant, il y a des gardes à vue, de 48 heures, ou de 72 heures. S’il y a des gardes à vue, c’est que des choses ont été découvertes, par la douane financière. Des poulets qui sont détruits et qui retournent ensuite dans un circuit parallèle, pour la population de la Martinique. Moi, j’ai été entendu par la douane financière. J’ai demandé à être convoqué, pour dénoncer ces pratiques-là.
Thierry Charles Alfred
De nombreux éleveurs sont criblés de dettes. Certains ont déjà mis la clé, sous la porte ajoute Thierry Charles Alfred. "Ça fait deux ans que je vis, dans mon poulailler. J’ai pratiquement tout perdu. Je vis sous une tente, dans mon poulailler."
Dans une coopérative, les éleveurs sont tous actionnaires, puisqu’ils possèdent des parts du capital. Mais ils sont également responsables, en cas de contentieux. C’est pourquoi, certains professionnels craignent de perdre leur outil de travail et d’y laisser des plumes.