Le traditionnel et obligatoire débat sur les orientations budgétaires de toute collectivité locale permet de fixer la stratégie financière de l’année à venir. Ce débat ne se conclut pas par un vote. Il permet néanmoins aux élus de tous les bords politiques de s’exprimer sur les tendances prévues par la majorité en place.
Il permet aussi à la gouvernance de modifier éventuellement le document budgétaire final soumis au vote le 31 mars au plus tard. Pour rappel, le montant du budget de la Collectivité Territoriale de Martinique en 2023 est de 1,8 milliard d’euros.
Pour rendre lisible le projet de budget de la CTM pour 2024, six grands axes sont définis. En préalable, le pari est pris de "repenser l’organisation administrative et logistique" de la CTM.
Six axes forts pour le projet de budget
Le premier axe fort est la priorité donnée à la jeunesse, considérée comme "fer de lance de la transformation" de la Martinique. Des États généraux de la jeunesse doivent être tenus. Objectif : "ancrer les enjeux démographiques de cohésion sociétale intergénérationnelle et d’attractivité dans l’ensemble des réformes et des évolutions des dispositifs" que la CTM veut déployer en 2024.
La politique de solidarité sociale, la moitié des dépenses de la collectivité, sera "renforcée". Les priorités en sont la lutte contre la précarité et la pauvreté ; l’accompagnement des personnes et foyers vulnérables ; la santé environnementale ; la modernisation des établissements sociaux et médico-sociaux.
La CTM agit tous azimuts
Le troisième axe des orientations du budget consiste à "développer une économie verte". En clair, "rénover les filières traditionnelles (agriculture, pêche, tourisme) tout en donnant les moyens de structurer des filières innovantes en s’appuyant davantage sur la valorisation du patrimoine environnemental".
Quatrième grande priorité à valider, "l’appropriation de la culture et de l’identité martiniquaise". À savoir, le soutien aux artistes et aux structures de formation aux arts , le renforcement des outils de diffusion de nos patrimoines, la valorisation du territoire, la promotion de la langue créole.
La CTM souhaite engager également "une politique des travaux publics au service d’un aménagement plus équitable". Parmi les grands chantiers à poursuivre ou à entamer au titre du cinquième axe budgétaire prévisionnel : l’amélioration des routes, des ports et des réseaux d’irrigation.
Une analyse optimiste de la situation
La sixième priorité de l’année à venir est définie comme une "ouverture renforcée à l’international". Ce qui passe par le développement de la diplomatie territoriale décentralisée. Entre autres projets à concrétiser : l’adhésion de la Martinique au Caricom et la participation à la Biennale d’art caribéen.
La gouvernance de la CTM fonde sa stratégie budgétaire sur une conjoncture économique qu’elle estime favorable. Elle s’appuie sur les données de l’IEDOM (Institut d’émission des départements d’outre-mer). L’une des missions de l’échelon local de la Banque de France est de relever les principaux indicateurs de l’activité économique.
L’IEDOM est optimiste. Son dernier "Indicateur du climat des affaires", du troisième trimestre de 2023, est en augmentation de 2,7 points par rapport au second semestre. L’IEDOM indique également que le nombre des demandeurs d’emploi est en baisse et que les investissements sont en progression.
Pour la gouvernance de la CTM, "ces chiffres sont en contraste avec l’image véhiculée d’une Martinique atone et vieillissante, laissant peu de perspectives". Le débat sera l’occasion de savoir si les élus des trois groupes d’opposition de l’Assemblée de Martinique partagent cette analyse optimiste et s’ils valident la stratégie de la majorité.