Ce monument du Tabou Combo admirateur des grands chanteurs mythiques (Gérard Dupervil, Guy Durosier, Roger Colas, Andy Desroses...) est de retour. C'est un plaisir pour tous les amateurs du genre.
Qui est Shoubou ?
Roger Montfort Eugène est né à Port de Paix (Haïti) dans le Nord-ouest, région hautement culturelle, véritable creuset pourvoyeur d’artistes et de créateurs. Son père, Fechina Eugène, placier de la loterie nationale, voyait en lui un futur avocat.
Roger Monfort Eugène fait ses études au petit séminaire de Notre Dame de Lourdes, puis au Collège Saint Francois Xavier du Nord-Ouest. Outre les matières traditionnelles, le garçon studieux, turbulent et "polisson" apprend le latin et le chant avec les frères de l’institution chrétienne.
La scène le fascine et l'attire
Ses premières expériences commencent en 1964 avec les orchestres "Trémolos" et "les Fantaisistes de Port-de-Paix" avec le saxophoniste Antony Vassor. Sa carrière évolue avec l’orchestre "la Perle des Antilles", composé du chanteur Jean Elie Telfort et du pianiste Jean Alcindor, deux futurs grands musiciens qui vont constituer plus tard le "Ska-Shah" Number one.
Son père décède en 1967. Shoubou se rend à Pettonville, chez sa mère. Il est pris en main par son grand frère, Victor Cadet, 1er chanteur du groupe "Frères Dejean".
Shoubou rencontre Tabou Combo
Le Tabou combo naît des cendres du groupe "Los incognitos de Pétion-Ville", dans une petite église par Albert Chancy et Hermann Nau. Pour compléter la formation, le manager (Albert Chancy) souhaite un deuxième chanteur pour épauler Sergo Guerrier.
Les membres du groupe étaient réfractaires à la venue de Shoubou. Mais le manager l’impose, sa tessiture et sa technicité font le reste et le rendent incontournable.
Le 25 décembre 1968, Tabou Combo voit le jour et remporte une année plus tard le premier prix mini-jazz.
Tabou combo : le passage à vide
1970 / 1971, les musiciens et Albert Chancy vont poursuivre leurs études au Canada, Herman Nau, Jean-Claude Jean, Serge Guerrier et Yvon André s’installent aux États-Unis. Seul Shoubou est resté en Haïti. Il chante parfois avec Zouzoul et les "Shleu-Shleu", ou avec les "Difficiles" et même avec l'ensemble musical du maestro Nemours Jean-Baptiste.
Sans le vouloir, les circonstances mettent momentanément le groupe en sommeil, mais bien vite, il est reconstitué à New York avec l’arrivée de Dadou Pasquet. Cette même année (1971) Shoubou rejoint les autres.
Shoubou, ambassadeur culturel
En 1974, "New York City" est le détonateur de cette ascension fulgurante. Le titre est premier des hits-parade nationaux et en Europe pendant plusieurs semaines.
La voix de Shoubou envoûte le public comme un "8e sacrement". Tabou combo, c’est une frénésie de rythmes, une musique urbaine, puisant ses racines dans un syncrétisme de mélodies. L'orchestre joue à travers le monde (Caraïbe, Amérique du Nord, Amérique du Sud, Europe, Afrique, Asie).
Shoubou valorise la culture de son pays. L'État haïtien en prend conscience. Le 27 août 2020 au Palais National, le président Jovenel Moïse décore l'artiste de l’ordre national d'honneur et du mérite pour ses 52 ans d’activités artistiques qui contribuent à promouvoir la musique haïtienne.
Plus récemment, il a droit à un hommage dans sa ville natale de Port-de-Paix. Une initiative du musicien Don Roro.
Shoubou et Tabou Combo au cinéma
Ce n’est donc pas un mystère si certaines chansons ont été reprises dans des films : Lucy Juicy, dans le film de Gérard Pialat Police avec Gérard Depardieu (1985). Incidents et Mabouya, dans celui de Wes Creaven, Le Serpent et l'arc (1988) .
La même année en 1991, le réalisateur John Badham utilise La Mare A (Karnaval) dans sa comédie The hard way, Robert Townsend, Cole dans The five heartbeats et Jonathan Wacks, les chansons Kitem fe safem et Zap, Zap, dans le film Mystere.
Tabou Combo et Shoubou sont repris par les grands noms internationaux comme Carlos Santana