Le déclin démographique de la Martinique se traduit sur un marché du travail en voie de rétrécissement

Accueil de demandeurs d'emploi (image d'illustration).
Le chômage baisse constamment depuis dix ans en Martinique. Ce qui est interprété parfois comme un signe de dynamisme économique. Mais derrière les chiffres, se cache une réalité moins réjouissante.

Le nombre de demandeurs d’emploi est en baisse en 2022 avec un peu moins de 45 000 personnes inscrites à Pôle Emploi au 4ème trimestre. Il y a de quoi se réjouir, puisque cette diminution est constante depuis une décennie. En 2012, nous comptions 51 000 personnes dans ce cas. La baisse est de 13% en dix ans.

Un autre motif de satisfaction tient en la baisse continue du taux du chômage. En 2012, il culminait à 21% de la population active. En 2022, ce taux s’élevait à 17%. La différence est significative. Nous sommes passés de 35 000 à 23 000 personnes qui recherchent activement un travail.

L’explication volontiers avancée pour interpréter ces chiffres positifs est celle d’une certaine embellie économique. Les périodes de difficultés seraient derrière nous, comme si notre tissu économique est désormais capable d’absorber le chômage.

Pourtant, si nous intégrons d’autres statistiques, nous avons de quoi être moins optimistes. Ainsi, le halo du chômage concerne 10% de la population active. Cette notion mise au point par l’INSEE englobe les personnes situées à la périphérie du marché du travail ne disposant pas d’une situation professionnelle stable.

Le chômage réel ne baisse pas

 Si elles sont ajoutées à celles qui ne travaillent pas, le taux de chômage passe à 27% en 2022. Ce qui n’est pas négligeable. Une autre donnée non négligeable est le nombre de personnes en sous-emploi. Il touche environ 10% de ceux qui travaillent. Ces salariés sont en intérim, en CDD, ou à temps partiel.

 Autant d’éléments relativisant la portée réelle de la baisse du nombre des demandeurs d’emploi et des chômeurs. Surtout que, et c’est la donnée la plus importante, la population active ne cesse de diminuer depuis dix ans. Il s’agit des personnes en âge de travailler, de 15 ans à 67 ans.

En 2022, la population active s’élevait à 131 000 personnes. Ce sont 36 000 personnes de moins qu’en 2012, soit une baisse de 21%. Il y a de moins en moins de travailleurs, pour une raison simple : la population de la Martinique baisse. Nous avons perdu 20 000 habitants en dix ans.

La spirale de la diminution de la population

 

En résumé : il y a de moins en moins de demandeurs d’emploi et de chômeurs parce que la population totale diminue. Notre déclin démographique est visible aussi sur le marché du travail. Ce qui a un fort impact sur notre dynamisme économique. Moins de travailleurs, c’est aussi moins de consommateurs, moins d’investisseurs et moins d’épargnants.

Si nous demeurons dans cette spirale, nous allons enregistrer à terme une cascade de faillites d’entreprises. Celles-ci auront moins de clients et de fournisseurs. Nous subirons une diminution progressive de nos ressources financières globales et par conséquent, un appauvrissement généralisé. Aussi, il convient de demeurer prudent quand nous analysons le marché du travail. La statistique donne une idée générale de la réalité, mais elle peut parfois cacher l’essentiel.