Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux ce mercredi 28 juin 2023, Serge Letchimy, président du conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Martinique (CTM) a évoqué une éventuelle privatisation du port de Martinique.
Selon le site web Martinique Hub Caraïbe du Grand port maritime de Martinique, en 2013, le port de Fort-de-France est devenu le Grand Port Maritime de la Martinique (GPMLM), un établissement public, industriel et commercial, défini par la loi du 22 février 2012.
Ses décrets d’application du 1er octobre 2012 sont à lire ici.
Ce même décret a été adopté pour les installations portuaires de la Guyane, de la Guadeloupe et de La Réunion.
Situé dans un lieu protégé de la houle et du vent, le port, qui dispose de plus 30 hectares de terre-pleins, offre des tirants d’eau exceptionnels.
Le port reçoit et traite toutes sortes de marchandises et les plus grands navires. Les conteneurs sont réceptionnés à la Pointe des Grives, les marchandises en vrac à l’Hydrobase, lieu de livraison des véhicules.
Un appontement spécialisé à l’Hydrobase facilite la réception d’hydrocarbures et des céréales. Un centre de réparation navale se trouve au Bassin de Radoub.
Les croisiéristes font escale à la Pointe Simon et au quai des Tourelles. Les passagers régionaux sont accueillis à la Gare Maritime avec accès direct à Fort-de-France.
Les activités du port maritime génèrent suffisamment de revenus pour assurer son fonctionnement.
Une partie des recettes proviennent d’un système de transbordement, une pratique exercée dans tous les ports des Antilles, y compris les ports des pays indépendants.
Les conteneurs en provenance d’Amérique latine sont déposés temporairement aux Antilles en attendant d’être transportés en Europe (service payant).
La gouvernance du port devient un enjeu politique
Un Conseil de surveillance, éclairé par les avis du Conseil de Développement, valide la stratégie du port et procède à son contrôle budgétaire.
Les membres du Directoire assurent le management exécutif. Le Conseil de Coordination Interportuaire Antilles-Guyane assure la cohérence des actions des Grand Ports Maritimes des Antilles et de la Guyane.
Tous les 5 ans, le conseil de surveillance du Grand port de la Martinique doit voter pour un nouveau président qui est choisi par les 17 membres du conseil.
Les intérêts de l’État sont représentés par le préfet ou son représentant, par le directeur de la DEAL (la Direction de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement), la direction de la Mer, d’un représentant de l'APE (Agence des participations de l'État).
Deux élus de l'Assemblée de Martinique siègent ainsi qu’un représentant de la CACEM. Il y a un siège pour un élu de la ville de Fort-de-France, trois élus de la CCIM (Chambre de Commerce et de l’Industrie de Martinique), le président de l'Association du pilotage, la présidente de la CPME de Martinique, un chercheur du CNRS et trois représentants du personnel du GPMM.
Vote majoritaire pour Phiippe jock
Ce lundi 26 juin 2023, lors des élections, c’est le président sortant Philippe Jock également président de la CCIM, qui est réélu.
Seules 16 personnes ont voté. Un membre du personnel n’était pas présent et n’a pas laissé de procuration.
Le vote est secret. Les identités des 7 personnes qui ont voté pour Phillipe Jock, les 5 qui ont choisi Didier Laguerre et les 4 absentions sont inconnues.
L’élection est validée malgré les accusations publiques de Serge Letchimy, président du conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Martinique (CTM) selon lesquelles l’État aurait donné l’ordre par écrit (ce courrier n’a pas été rendu public) de voter contre le candidat de la CTM, Didier Laguerre, l’actuel maire de Fort-de-France.
L’avenir du port
Dans une déclaration après sa réélection, Philippe Jock annonce que le port a besoin d’un financement à court terme de 130 millions d’euros pour répondre aux exigences du marché dans l’environnement concurrentiel dans la Caraïbe.
Il fait appel à une mobilisation des fonds publics et aux emprunts à long terme. Il affirme que la CTM n’a retenu pour la période 2021-2027 "des fonds européens que 3, 83 M € au titre du FEDER."
Les fonds européens pour le développement du port sont gérés par la CTM.
Serge Letchimy, visiblement très contrarié, a annoncé que ses partisans vont soit démissionner du conseil de surveillance ou refuser de siéger.
Cette situation risque de mettre en péril le bon fonctionnement du port et la réalisation des projets de développement...si la sérénité ne revient pas.
⇒ Voir la lettre du Président du Conseil Exécutif