Adopté sans vote. Le projet de budget du ministère des Outre-mer n’a pas été mis aux voix cette année. Les débats ont été interrompus ce lundi 6 novembre 2023 à minuit au Palais Bourbon en application d’un nouveau règlement fixant une limite horaire aux débats. De nombreux amendements déposés par les députés des collectivités d’Outre-mer ont été adoptés contre l’avis du gouvernement. Mais l’ensemble du texte n’a pas été soumis aux suffrages.
En prime, la Première ministre utilise l’arme fatale du 49-3 pour faire passer en force la totalité du projet du budget de l’État pour 2024. Les députés de nos territoires, toutes tendances confondues, ont été plusieurs à qualifier cette procédure de scandaleuse ou d’antidémocratique. Il ne s’était pas encore vu que le budget de "notre" ministère soit traité de la sorte.
Un interminable dialogue de sourds
Cet incident majeur illustre bien le désaccord total entre le gouvernement et nos députés au sujet du nécessaire rattrapage des retards de développement de nos territoires, pour parler comme le député de Martinique Jiovanny William, le rapporteur de ce projet de budget. Il illustre aussi le permanent dialogue de sourds entre le gouvernement et nos représentants.
Prenons comme exemple les crédits affectés à la continuité territoriale aérienne. Les députés ont voté pour une enveloppe de 500 millions d’euros destinée à réduire les prix des billets d’avion pour la desserte de nos pays. L’amendement déposé par le député de Martinique Johnny Hajjar a été adopté contre l’avis du ministre, bien entendu. "Le gouvernement fera comme il voudra » estime Jiovanny Willliam, réaliste et…dépité.
Un ministère inutile ?
Il souligne, et ses 26 autres collègues des 11 collectivités de la dite Outre-mer avec lui, que le financement du ministère ne permet pas de répondre aux attentes de nos populations. Chaque année, nos parlementaires ne se privent pas de l’amender, de le critiquer et de l’améliorer. En pure perte !
Or, nous tous attendons le gouvernement sur des sujets majeurs : la lutte contre les trafics de stupéfiants et d’armes ; la dépollution de notre espace souillé par les pesticides, dont celui à base de chlordécone ; la transition écologique ; le logement pour tous ; l’harmonisation de la continuité territoriale. Et surtout, une véritable politique de bascule vers des schémas réalistes et ambitieux de soutien à l’industrie, à l’agriculture nourricière, au tourisme de luxe, aux services de qualité rendus à la population, à la transition numérique.
Autant de thèmes de réflexion et d’action qui ne sont pas sérieusement abordés par "la rue Oudinot", où est implanté ce ministère, dans le 7e arrondissement de Paris.
Autant d’attentes formulées depuis nanni-nannan (de très longues années), toujours demeurées sans réponse. C’est à se demander si ce ministère est réellement l’instrument indispensable à nos territoires et à leurs habitants pour enclencher l’émancipation de nos peuples !