Législatives 2022 : les femmes martiniquaises privées du second tour

Femmes dans les bureaux de vote de la côte caraïbe (samedi 11 juin 2022).
Sur les huit candidats présents au second des élections législatives, nous ne comptons aucune femme. Ce qui témoigne de la frilosité des formations politiques, mais plus largement, de certains de nos archaïsmes.

Les femmes martiniquaises ont-elles leur place à l’Assemblée nationale ? Avec huit hommes qualifiés pour le second tour, la question se pose légitimement. En 2017, et pour la première fois, nous avions une femme, Josette Manin, élue députée.

Elle a été rejointe un an et demi plus tard par Manuéla Kéclard-Mondésir, la remplaçante de Bruno Nestor Azérot, démissionnaire pour cumul de mandats. En 2022, aucune femme ne représentera la Martinique au Palais Bourbon. Autre fait qui interpelle : nous comptons 17 femmes sur 55 candidatures cette année, contre 20 sur 53 il y a cinq ans. La régression est manifeste.

Les explications sont variées. Tout d’abord, le fait que la parité entre femmes et hommes, définie par la loi du 6 juin 2000 s’applique partiellement pour ces élections. Les listes de candidatures aux municipales et aux territoriales doivent comporter le même nombre de personnes des deux sexes. La règle est différente pour les législatives.

 

La loi sur la parité est détournée

Les formations politiques doivent présenter autant de femmes que d’hommes devant les électeurs, mais cette répartition s’apprécie à l’échelle de la France entière, et non dans un territoire isolément. Si un parti présente 500 personnes, il faut 250 femmes dans tout le pays. Si un autre présente 10 personnes, il faut 5 femmes. Et ainsi de suite.

Le non-respect de cette obligation entraîne une pénalité financière appliquée lors de l’attribution de l’aide publique annuelle aux forces politiques. La contrainte est plus forte que la persuasion, en somme.

Nos formations politiques ne se sentent donc absolument pas obligées par ce principe de parité. A entendre leurs dirigeants, les militantes ne sont pas assez nombreuses pour suivre une formation civique et se présenter un jour à des élections. Chacun jugera de la pertinence de cette analyse.

Nous sommes là face un problème de fond, tenant à la place des femmes dans notre société. Alors qu’elles sont représentées en force dans les organes de direction des services publics, elles sont plus rares dans les fonctions électives exécutives.

Le plafond de verre bientôt crevé ?

Alors qu’elles sont plus diplômées que les hommes, les femmes obtiennent plus difficilement des postes à responsabilité à très haut niveau. Leur compétence n’est pas en cause, chacun en convient. Mais, qu’est-ce qui bloque ? D’où viennent ces obstacles les empêchant d’accéder à tous les rouages de gouvernance ?

Les réponses sont diverses. Nous pouvons lister les pesanteurs sociologiques qui cantonnent les femmes aux tâches domestiques. Nous pouvons mettre en exergue aussi la peur de certains hommes d’être relégués au second plan. Sans oublier le fait que les femmes sont moins intéressées que les hommes par le pouvoir pour le pouvoir.

Pourtant, un jour ou l’autre, nous serons contraints de constater que la société n’est pas organisée de manière équitable. Un jour ou l’autre, nous devrons crever le plafond de verre empêchant l’émancipation des femmes et donc, de nous tous.