Il n’y a pas d’ignames. Pas de mandarine, ni d’orange non plus. Ou si peu, et si cher ! Ces lamentations, nous les entendons et nous les émettons tous ces derniers temps. C’est vrai, les fruits et légumes consommés traditionnellement en fin d’année sont presque introuvables. Les agriculteurs l’expliquent par la succession brusque de la sécheresse en début d’année puis des fortes pluies durant la saison cyclonique. Des à-coups ayant provoqué des dégâts dans leurs champs.
Du reste, les champs de nos valeureux paysans ne sont plus guère fréquentés par une quantité d’espèces animales nécessaires à la fertilisation des sols et à la floraison des arbres. Vous vivez à la campagne ? Depuis quand avez-vous vu un ver de terre, un papillon, une chenille, une abeille, un vonvon, une guêpe ? Vous vivez en ville ? Depuis quand avez-vous aperçu une libellule, un hanneton, un anoli ? Vous habitez près de la mer ? Pourquoi l’eau est si chaude, de jour comme de nuit ?
La Terre n’a jamais été aussi chaude
Si vous avez du mal à répondre, c’est que vous êtes une victime innocente des modifications du climat à l’échelle de la planète. Si vous déplorez les pénuries de fruits et de légumes de saison, c’est que vous vivez les conséquences néfastes de l’augmentation continue des températures sur le globe.
Hormis ces atteintes aux milieux naturels, d’autres dégradations sont de plus en plus visibles dans notre île et, plus largement, dans notre archipel. Mentionnons l’érosion du littoral, la mort des coraux, la disparition des mangroves, l’assèchement des rivières, l’aridité des sols, la déforestation, la raréfaction des pluies.
Tout indique que ce phénomène n’est plus passager, mais permanent. La température de la Terre ne cesse d’atteindre des records. Pour combien de temps ? Pour toujours, selon les climatologues. Ils prévoient que nous ne pourrons pas respecter la barre symbolique des 1,5 degré d’augmentation maximale de la température mondiale moyenne d’ici la fin du siècle.
Rien ne remet en cause la logique du réchauffement
Cet objectif de l’Accord de Paris sur le climat, signé en 2015, avait été fixé pour faire prendre conscience aux Terriens qu’ils vivent sur une planète en sursis à cause de l’activité humaine. Et pourtant, en dépit des avertissements, aucune décision politique forte n’a été prise pour casser cette spirale infernale.
Une étude publiée mardi 5 décembre 2023, réalisée par 120 experts du consortium international Global Carbon Budget, révèle que l’action mondiale de réduction des combustibles fossiles - pétrole, gaz, charbon - est beaucoup trop lente pour empêcher un changement climatique dangereux. Nous savons ce qu’il faut faire pour éviter une catastrophe, à savoir sortir des énergies fossiles. La COP 28 pourra-t-elle prendre cette décision historique ? Il est permis d’en douter. Pourtant, nous sommes prévenus.