Les coupures d'eau sont moins fréquentes mais les casses perturbent le réseau

Les casses sur le réseau de distribution d'eau potable sont de plus en plus fréquentes
Les restrictions d'utilisation de l'eau se sont allégées. Les précipitations sont de retour, mais certains quartiers sont toujours impactés par des coupures d'eau. Cette fois, c'est la fiabilité du réseau qui en est la cause.

Les prévisionnistes de Météo France estiment que la pénurie d'eau est désormais derrière nous. La saison cyclonique, qui s'annonce active, devrait permettre aux usines de production de fonctionner à plein régime.

Cependant, cela n'a pas totalement éliminé les coupures d'eau. Bien que le nombre d'abonnés privés d'eau soit loin des 25 000 par jour observés précédemment, les coupures continuent. Elles sont désormais causées par la vétusté du réseau.

Des interventions sur le réseau en augmentation

Pour les équipes d'astreintes de la SME, la fin de la période de sécheresse n'a pas réduit le nombre d'interventions nécessaires. Au contraire, les sols, d'abord secs puis brusquement gorgés d'eau, mettent les canalisations à rude épreuve. Les équipes d'intervention sont sur le terrain sept jours sur sept, avec des durées d'intervention variables en fonction de l'ampleur des dégâts et des moyens déployés.

Ainsi, les interventions se multiplient et la réactivité est essentielle.

Par exemple, la récente casse samedi après-midi à Ducos a été réparée en deux heures, permettant aux abonnés de retrouver l'eau dans leurs robinets dès le samedi soir.

Cependant, ce n'est pas toujours le cas, car les équipes sont très sollicitées en cette période de forte activité.

La terre se rétracte et les installations sont sous-tension, nous sommes passés de 30 interventions à 200 durant le mois de mai.

Claude Bertrac, Chef d'agence eau potable SME Sud

intervention des équipes d'astreinte de la SME sur une casse du réseau à Ducos

La vétusté du réseau, un enjeu pour l'avenir

La Société Martiniquaise des Eaux (SME) estime réparer environ 6 000 casses et fuites par an. Le fermier intervient dans 30 communes de la Martinique, de Cap Nord et de l'Espace Sud.

Selon les données de l'observatoire de l'eau, l'indice linéaire de perte (ILP) mesure la perte dans les réseaux en mètres cubes d'eau perdue par jour et par kilomètre de canalisation.

En 2018, cet indice était de 11,5 en moyenne sur la Martinique (6,2 pour l'Espace Sud, 8,2 pour Cap Nord et 22 pour la CACEM). L'ILP moyen national (2013) est de 4,5 m³/jour/km.

Modernisation du réseau : un impératif

L'enjeu pour assurer la continuité de l'approvisionnement en eau est la modernisation du réseau de distribution. C'est un impératif pour la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM), qui souhaite entreprendre un maximum de travaux avant la mise en place de l'autorité unique de l'eau.

Les infrastructures vieillissantes nécessitent des investissements significatifs pour réduire les pertes et améliorer l'efficacité du réseau. La CTM prévoit des travaux de modernisation pour résoudre ces problèmes de long terme.

Les usagers réclament des dédommagements

En attendant, les usagers ne souhaitent plus subir les carences des opérateurs et demandent des dédommagements pour les préjudices subis.

L'Association de Défense des Usagers de l'Eau de la Martinique (ADUEM) lance une action en justice contre les opérateurs de l'eau pour non-respect des obligations mutuelles et contractuelles prévues au règlement de service des collectivités.

Certains usagers sont restés plus d'un mois sans eau, ce qui a exacerbé leur mécontentement et leur demande de réparation.