Les marins-pêcheurs de Martinique font face à de nombreuses contraintes

Jean-Guy dans son bateau à quai.

C’est un secteur en crise. Ces dernières années, le nombre de marins-pêcheurs enrôlés a diminué de 25 %. Multiplication des zones interdites à la pêche, raréfaction de la ressource, budget sécurité de plus en plus élevé, de quoi décourager de nouvelles vocations.

Embarquer dans son bateau et prendre la mer, le métier de Jean-Guy Gabriel a sous bien des aspects de quoi plaire. L'homme est une figure du Nord-Caraïbe avec des années d'expérience. Enrôlé depuis près de 20 ans, il est marin-pêcheur depuis son plus jeune âge.

Quand la mer est mauvaise, comme en cette période, il rejoint le dispositif de concentration de poisson (DCP) le plus proche de la côte, autour duquel s’agglutine la faune marine. Le pêcheur pratique la pêche à la traîne avec parmi les prises des thons ou des marlins.

Jean-Guy a pêché un énorme marlin de 40kg.

Si la réglementation française s’appliquait strictement, Jean-Guy n’aurait pas le droit de pêcher sur ce site, trop loin des côtes pour son embarcation qui théoriquement n’a pas le droit d’aller au-delà des 5 miles marins soit 9 kilomètres.

Mais depuis juin 2020, la réglementation relative à la sécurité des navires reconnaît officiellement aux pécheurs de nos régions, le doit d’aller jusqu’ à 20 milles nautiques des côtes, une distance normalement inaccessibles aux navires de plus de 12 mètres et qui comme nos yoles traditionnelles classées en catégorie 4, ne disposent pas de ponts.

Une exception à condition que les éléments de sécurité à bord soient suffisants. Balise de détresse, gilet de sauvetage intégral, VHF fixe et mobile, des investissements de plusieurs milliers d’euros. Les marins pêcheurs en disposent déjà d’un certain nombre. Celui qui en revanche fait débat, c’est le radeau de survie, désormais obligatoire.

(Re)voir le reportage avec des images d'Aurélie Treuil.

Autre dossier sensible, celui des cotisations sociales. Beaucoup de professionnels ne payent pas l’ URSSAF, un retard qui s’élèverait à 3 millions d’euros depuis 2014 pour les quelque 900 pêcheurs recensés par la direction de la mer.

Il y quelques jours ils étaient près de 200 dans la rue, à demander la prise en compte de cette situation dans le plan chlordécone 4 en cours d’élaboration.
Une espèce de dédommagement en contrepartie des pertes d’activité engendrées par la pollution au chlordécone et pas seulement. Entre zone contaminée, réserve naturelle, air marine protégée, et cantonnement, les pécheurs ont vu ces dernières années diminuer leurs zones d’activités. 

Sébastien Lecornu , le ministre des outremers  a écrit au professionnel de la mer le 8 janvier. Il leur a laissé deux mois pour faire remonter leurs propositions.