Les oranges et les mandarines moins présentes sur les étals en cette fin d'année

Les agrumes sur les étals de marché
Les étals des marchés ne sont pas très fournis en agrumes locaux. Pourtant la fin de l'année est propice à la récolte de ces fruits. Ils sont peu nombreux, car les cultures martiniquaises sont exposées à de nombreuses menaces phytosanitaires.

Où sont passées les oranges et les mandarines locales que l'on mangeait en fin d'année pour ensuite placer les graines dans son porte-monnaie ou dans une cachette de la maison ? Elles avaient pour mission d'apporter la prospérité. Les exploitants agricoles qui se sont spécialisés dans ces cultures ont du mal, justement, à trouver cette fameuse prospérité.

Les champs d'agrumes malades

Depuis près de 10 ans, les exploitations agricoles d'oranges, de mandarines et de citrons sont "attaquées" par des maladies d’origine bactérienne. Celles qui font le plus de ravages sont : le HLB (aussi appelé Greening des agrumes) et le Chancre Citrique. Le premier, le HLB provoque un jaunissement asymétrique des feuilles, le second se reconnaît aux taches circulaires brunâtres sur le feuillage et les fruits.

A gauche une plante atteinte du HLB et à droite un fruit infecté par le Chancre Citrique

Il n'y a aucune zone géographique épargnée par la prolifération de ces maladies. Il n'y a aussi aucun traitement pour guérir la plante contaminée. La solution pour éradiquer l'extension de ces fléaux est la destruction des plants infectés.

La Martinique n'est pas la seule touchée. Toute la Caraïbe est concernée par cette forte prolifération de ces maladies bactériennes.

Les agriculteurs de moins en moins nombreux

Quand une exploitation est atteinte par le Chancre Critique ou le HLB, elle est en général condamnée à être détruite par les autorités.

Les plans qui ont mis des années à produire des fruits sont déracinés et brûlés. Si l'agriculteur décide de faire pousser à nouveau des agrumes, il devra attendre des années avant de récolter les fruits de ses nouveaux plans et il prend aussi le risque que les maladies frappent à nouveau son champ.
Par conséquent, de moins en moins d'agriculteurs s'investissent dans ce type de culture, même si la demande existe sur le marché martiniquais.

En 2020, la DAAF (Direction de l'Agriculture, de l'Alimentation et de la Foret) recense 2 679 exploitations agricoles toutes cultures confondues, c'est 19% de moins en 2010.

Rayon fruits et légumes dans un hypermarché

Un plan de relance de la production fruitière

4 716 tonnes d'agrumes ont été importées en 2022 (source DAAF). Le recours à des fruits extérieurs ne cesse d'augmenter chaque année, il a progressé de 60% en 20 ans.

En Martinique, 989 ha de terre sont plantés en fruits (hors banane).

Une superficie en baisse qui interroge la chambre d'agriculture de Martinique sur le renouvellement de nos vergers. Pour participer à l'offre alimentaire ne serait-ce qu’à hauteur de 1 fruit par jour cela suppose une production de 10 000 tonnes.
"Il s’agit de renouveler les vergers (20% de leur surface/an sur 5 ans) et implanter 75 ha/an de fruitiers diversifiés (dont ananas) répartis sur les exploitations et le territoire", explique le plan de la chambre d agriculture. Le coût estimé de ce plan sur 5 ans est de 7 480 000 euros.

Dans son plan de relance (2020/2030) de la transformation de l'agriculture de Martinique, la chambre préconise une agriculture moins dominée par la culture de la banane, mais beaucoup plus diversifiée avec des agriculteurs en capacité à nourrir leur population.