Les producteurs de bananes de Martinique menacent de se mobiliser pour mieux se faire comprendre

Plantation de banane aux Antilles Françaises (illustration).
Les producteurs de bananes de Martinique et de Guadeloupe estiment que leur situation financière est dans le rouge. Malgré leur démarche auprès des différentes institutions, ils estiment ne pas être entendus. Ils se mobiliseront demain 8 novembre à Bois Rouge au Lamentin. Un lieu symbolique où ont démarré des actions d'envergure.

Les dernières rencontres avec le ministère de l'agriculture n’ont pas suffi pour les rassurer. Les planteurs de bananes affiliés au groupement Banamart, estiment ne pas avoir de réponses concrètes de l'État pour les aider à redresser leur situation financière qu'ils qualifient de catastrophiques.

Beaucoup d'entre eux ont déjà cessé leur activité. Selon leur prévision, si rien n'est fait pour les aider, le nombre de producteurs de banane va décroître de 20 % l'année prochaine. C'est autant d'exploitations agricoles qui mettront la clé sous la porte et des salariées sans emplois.

Les producteurs de banane antillais perçoivent une aide de l'Europe de 129 millions par an qui selon eux "permet juste de payer les salaires des ouvriers des exploitations".

"Un dialogue de sourd"

C'est par cette expression que les producteurs qualifient leurs échanges avec le ministère de l'agriculture. Leur délégation a bien été reçue par un représentant du ministre, mais qui selon eux, n'a pas pris l'ampleur de leurs difficultés. Ils estiment ne pas être traités de la même façon que les autres agriculteurs de France.

Le gouvernement nous mène en bateau, il estime que l'aide de l'Europe est suffisante, mais depuis 2006 les coûts de productions et les normes ont changé et cela sans accompagnement de l'Etat. Nous ne sommes pas des Français à part entière, mais des Français entièrement à part !

Alexis Gouyé, président de Banamart

Jean-François Carenco a visité une exploitation qui produit de la banane.

Des attentes immédiates

Les producteurs de banane de Martinique attendent un déblocage urgent de fonds en leur faveur par le ministère de l'agriculture qui en a selon eux les moyens, "puisque le budget du ministère est en augmentation". Ces fonds permettront de les accompagner dans leur transition écologique.

Ils souhaitent également bénéficier de l'aide exceptionnelle de l'État qui accompagne les producteurs de fruits et légumes pour compenser les surcoûts engendrés par la guerre en Ukraine.

Nous sommes les seuls exclus de cette aide. C’est du mépris vis-à-vis de notre filière qui au demeurant est l'une des plus structurée. C'est inadmissible !

Pour améliorer les conditions de travail des ouvriers et diminuer les coûts d'exploitation, les producteurs de banane veulent utiliser des drones pour diffuser par voie aérienne des produits pour lutter contre les maladies qui menacent les plantations.

Aujourd'hui c'est à dos d'homme que sont dispersés des "produits naturels, des biocontrôles" sur les bananiers. Pour les agriculteurs, ce mode de pulvérisation est plus efficace qu'un épandage car il peut se faire à 1 mètre du sol et la quantité du produit diffusé est plus précise. Selon eux cette technique est déjà utilisée en Suise et en Allemagne.

Une mobilisation qui pourrait prendre de l'ampleur

Le groupement des producteurs de banane de Martinique, Banamart, mobilisera demain (8 novembre) à 6h du matin à Bois Rouge au Lamentin, tous les agriculteurs affiliés à leur groupement.

Ils auront l'appui de la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA). À l’issue de cette réunion, ils détermineront les actions à venir qui pourraient être plus dures que celles déjà entamées.

Les producteurs de banane de Guadeloupe qui rencontrent les mêmes difficultés, ne sont pas loin de leur emboîter le pas.