"Nous avons eu de la bouche du Président des propositions qui correspondent exactement à celles que nous portions depuis de nombreux mois auprès du ministère de l'Agriculture". Alexis Gouyé, le patron des producteurs de bananes de Martinique du groupement Banamart a la banane à sa sortie de l'Élysée.
Il estime que la filière pourra souffler grâce à une aide d'urgence "de 11 millions d'euros qui sera répartie pour la majorité des producteurs". Elle sera attribuée aux agriculteurs dont l'exploitation est limitée à 18 hectares. Elle concernera, selon lui, "tous les petits producteurs, ce qui correspond à la demande du groupement Banamart. L'aide financière s'élèverait à 39 millions d'euros sur 3 ans".
L'aide pour une culture vertueuse valorisée
Les producteurs de bananes qui estiment que leur production est "vertueuse", car ils ont réduit à "85 % l'utilisation de pesticides sur leurs explorations" sont aussi mieux accompagnés par une aide de l'État "à la hauteur de leurs attentes".
La mesure agro-environnementale et climatique (MAEC) sera "triplée en passant de 1000 euros à près de 3000 euros l'hectare". Cette mesure vise à accompagner le changement de pratique agricole, afin de réduire les pressions agricoles sur l’environnement.
C'est un pari gagnant-gagnant pour inciter les producteurs à aller vers une culture propre et on les accompagne économiquement. C'est ce que nous demandions depuis le début
Alexis Gouyé, Président de Banamart
Une nouvelle espèce de bananier sera plantée
Le Président de la République a aussi exprimé son soutien à "la mise en culture des NGT [NDLR Nouvelles Techniques Génomiques] résistantes à la cercosporiose".
Un plant de bananes NGT est capable de résister à la Cercosporiose noire, sans pour autant nécessiter de traitements phytosanitaires. Ainsi les 5500 hectares de plants de bananes devraient à terme être remplacés par cette nouvelle espèce plus résistante. Les modalités du soutien de l'État n'ont pas été clairement définies et cela fera certainement l'objet de nombreux échanges avec les bananiers.
Vers la fin des filières monopolistiques ?
Emmanuel Macron a aussi insisté" sur la diversification agricole qui demeure au cœur et au centre de notre ambition agricole. Ne soyons plus dépendants de monocultures sur un territoire."
La banane et la canne à sucre en Martinique occupent 50,1% de la surface agricole utilisée et sont affectées à l'export. Un constat que dénonçait l'exécutif de la Collectivité Territoriale de la Martinique et qui est aussi partagé par l'État. "On ne peut pas continuer à avoir des territoires qui ont des filières très subventionnées par la France et l'Europe, qui vivent sur une ou deux filières et qui continuent à importer 60-70 % de leur alimentation. Parce que c'est ça l'une des raisons de la vie chère, on le sait très bien".
C'est bien là, une épée de Damoclès qui se rapproche au-dessus de la tête des producteurs de bananes et de cannes.