Trois jours avant leur élimination de la compétition, les Martiniquais avaient gagné (1-0) le match aller contre l'équipe du Salvador au stade Pierre-Aliker. Lequel avait sûrement inspiré notre équipe. Elle termine à la troisième place de son groupe et ne peut pas disputer les quarts de finale de la Ligue des nations de la Caraïbe.
Ce n’est pas faute d’avoir d’excellents joueurs de haut niveau et expérimentés. Professionnels évoluant à l’extérieur ou amateurs de notre championnat, ces individualités ont pourtant du mal à constituer un collectif stable, aussi talentueux et déterminés soient nos footballeurs.
Un manque de cohésion ?
Il manque une certaine cohésion à notre équipe, constituée au fil de l’eau avec des professionnels selon leur disponibilité. Leurs clubs ne consentent pas aisément à libérer leurs salariés en faveur de notre sélection amateur.
Notre ligue de football n’étant pas une fédération, elle n’a aucun moyen juridique d’imposer son calendrier à une équipe pour que l’un de ses joueurs puisse participer aux compétitions internationales de la Concacaf, l’organisation régionale de la fédération internationale, la FIFA.
Ce qui est vrai pour le football ne l’est pas pour le basket-ball, le volley-ball ou le taekwondo. Les ligues de Martinique de ces disciplines participent librement aux compétitions régionales et mondiales. Est-ce à dire que les dirigeants du football sont incapables de faire plier leurs instances centrales ?
Une osmose imparfaite avec la population
Ceci étant, la cohésion de l’équipe ne se joue pas seulement sur le terrain. L’ambiance est bonne au sein du groupe, mais l’osmose avec la population tarde à venir. Quelques exemples le montrent : les supporters ont du mal à trouver les maillots des Matiniquais ; l’hymne de nos sportifs est largement méconnu ; le drapeau arboré par nos équipes n’a pas encore suscité l’adhésion de tous.
Manque de cohésion, osmose imparfaite, faible visibilité de notre équipe de football : voilà qui fait penser, comme une métaphore, à la Martinique d’aujourd’hui. Nos élus prônent l’adoption de signes identitaires symboliques, réclament le droit de desserrer le carcan dans lequel nous sommes enchâssés et se disent ambitieux.
Or, nous restons contraints par des règles qui nous encombrent et par des normes qui nous cadenassent dans l’incomplétude. Sans bien savoir et dire ce que nous voulons vraiment ? Briller sous notre soleil ou profiter de celui de l’autre ? Exister au monde par nous-mêmes ou vivre par procuration ?
Pour y répondre, nous pourrions nous inspirer du refrain d’une chanson d’E.Sy Kennenga : "Donne-toi les moyens, et pas les excuses".