C’est dans une lettre ouverte datée du 15 février 2022, que 7 membres de la fédération locale du parti Les Républicains, s’adressent sans détour à leur président. Ils reprochent à Fred-Michel Tirault "une alliance électorale avec une sénatrice autonomiste", en l’occurrence Catherine Conconne.
À la suite de la dernière élection territoriale en juin 2021, le maire du Saint-Esprit a en effet été élu sur la liste "La Martinique Ensemble" à l'Assemblée de la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM).
"Une situation burlesque"
"Votre aura, si probe jusqu’ici, est souillée de la plus honteuse, de la plus regrettable, de la plus ineffaçable des taches", une phrase qui donne le ton dès le début de la missive à l’adresse de leur président.
Vous avez pensé atteindre votre apothéose grâce à vos mensonges et manipulations, lorsque vous avez appelé notre comité territorial à voter sa confiance envers vous, ce 17 avril 2021. Qu’elle ne fut pas votre surprise lorsque nous vous avons signalé le non-sens de votre démarche (…). Après avoir fait des pieds et des mains pour vous raccrocher à la présidence du comité de soutien de notre candidate Valérie Pécresse, vous voilà aujourd’hui dans une situation burlesque.
Les signataires
Dans leur courrier, les 7 cadres épinglent encore Fred-Michel Tirault à propos d’une critique émise par la sénatrice Catherine Conconne à l’encontre de Valérie Pécresse, candidate LR à la présidentielle.
Lors de son meeting du dimanche 14 février 2022 à Paris, la prétendante avait dans sa ligne de mire, le Président sortant : "J'accuse Emmanuel Macron d'avoir cédé à la repentance, en reprochant à la France un crime contre l'humanité qu'elle n'a jamais commis". C'est cette déclaration qui a fait bondir la parlementaire martiniquaise.
Votre associée politique, dont vous êtes toujours le conseiller territorial, a publiquement et directement vilipendé notre candidate. Nous restons curieux de votre réaction. Lui avez-vous remonté les bretelles en privé ou envisagez-vous d’assumer publiquement la défense de Valérie Pécresse ?
Marie-Gabrielle Sévère, Corinne Charles, Joannifer Joseph, Jean-Christophe Tuttle, Charles-Denis Coppet, Jérome Joseph, Nausica Niasme.
Ayant pris connaissance du courrier adressé par la sénatrice à la candidate de la droite, Nausica Niasme, le secrétaire territorial de la section locale LR, a quant à lui interpellé directement Catherine Conconne sur ce qu’il appelle "une polémique inutile et opportuniste".
Dans un discours à la tonalité martiale, Valérie Pécresse entendait dénoncer l’affaiblissement de la France sur la scène internationale.
Nausica Niasme
Réponse de Catherine Conconne à Nausica Niasme : "Ma lettre ouverte est une réponse aux propos choquants et au vocabulaire emprunté à l’extrême-droite de Valérie Pécresse (…). Chaque fois je me desserrai au travers du chemin de celles et ceux qui, quel que soit leur bord politique, pour des vues électoralistes, flirtent avec toute forme d’extrémisme nauséabond ".
Des propositions à la candidate LR
En dépit de cette controverse qualifiée d’"épiphénomène" par Fred-Michel Tirault, c’est bien ce dernier qui a organisé ce mercredi 16 février 2022, une conférence de presse en tant que président du comité de soutien de la candidate LR. Le premier magistrat spiritain a décliné plusieurs propositions qu’il entend faire remonter à Paris, afin d’enrichir le volet Outremer du programme de Valérie Pécresse.
* Refondre le système de l’octroi de mer, pour faire baisser les prix en Martinique, qui sont de 15 à 22 % plus cher que dans l’hexagone. (Prévoir par exemple une TVA réduite sur les produits de première nécessité) ; * Favoriser les énergies propres et renouvelables (Solaire Flottant, hydrogène) ; * En matière d’orientation, augmenter significativement le nombre de places offertes en enseignement professionnel avec la mise en place de formations répondant aux besoins du marché ; * Eviter l’incarcération des jeunes mineurs en créant des Centres éducatifs fermés en relation avec l’armée, afin de préparer leur réinsertion. Objectif : développement de la discipline, du respect, et de l’esprit créatif ; * L’État doit être présent pour accompagner cette décentralisation approfondie et donnant des signaux forts aux élus locaux ; * À l’instar de la Corse, Assurer une véritable continuité territoriale, entre l’Hexagone et la Martinique, et entre la Martinique et la Guadeloupe et la Guyane, notamment pour les étudiants…
Fred-Michel Tirault
Un président fédéral en sursis ?
Fred-Michel Tirault marque ainsi son périmètre en tant que président de la fédération locale, bien qu’étant visé par une "procédure disciplinaire" en raison de son rapprochement avec Catherine Conconne, ce qu’a déploré le secrétaire général Les Républicains, Aurélien Pradié, dans un courrier du 27 juillet 2021.
Votre attitude favorise la désunion au sein de notre famille politique, alors qu’au contraire, en votre qualité de président de la fédération de Martinique, vous vous deviez de respecter nos règles et nos valeurs, à l’aube d’une élection présidentielle décisive pour notre mouvement.
Aurélien Pradié
La droite locale toujours dans la tourmente
Le bureau politique des instances parisiennes du parti doit se réunir "afin de statuer sur une éventuelle sanction" à l’encontre du représentant local, ce qui ne veut pas dire qu’il sera démis de sa fonction le cas échéant. Mais en coulisse, c’est une guerre de pouvoir qui semble se dessiner, car Fred-Michel Tirault officiellement élu jusqu’en 2023, ne serait plus en odeur de sainteté au sein de sa fédération.
Le secrétaire territorial, Nausica Niasme, lui, le dit à qui veut l’entendre, mais il se défend toutefois de vouloir récupérer le fauteuil. "Je ne suis pas intéressé. Ce sont les mauvaises langues qui le disent. Je suis conseiller national et je veux rester secrétaire territorial. J’ai été élu pour trois ans".
En tous cas, il y a bel et bien un schisme, puisqu’un autre comité de soutien à Valérie Pécresse a vu le jour. Il doit tenir une nouvelle conférence de presse le lundi 21 février prochain. Plusieurs membres de la droite martiniquaise seront présents, dont Karine Mousseau, Philippe Petit et Nausica Niasme à la manœuvre.
Tout cela fait bien évidemment désordre, à moins de 2 mois de l’élection à la magistrature suprême.