Le Parti Progressiste Martiniquais entre autonomisme et pragmatisme

Devant le siège du PPM, quartier Trénelle à Fort-de-France.
Le Parti Progressiste Martiniquais célèbre son 60e anniversaire ce 23 mars. Parmi les plus anciennes de nos formations politiques, elle semble parvenue à la croisée des chemins.
Où va le PPM ? Soixante ans après sa création, le Parti Progressiste Martiniquais est-il en mesure de proposer un discours nouveau, des horizons séduisants, un argumentaire convaincant ? Son fondateur, Aimé Césaire, s’exclamait, en octobre 1992 : "il est temps d’inventer une utopie refondatrice". En somme, une manière de croire en notre avenir, pour, en le paraphrasant, avoir "la force de regarder demain".

Comme toute formation politique digne de ce nom, le PPM a été amené à réactualiser sa doctrine et sa ligne politique. Si la ligne politique a suivi les méandres de la conjoncture, la doctrine est demeurée identique, avec quelques aménagements, depuis son 3e congrès de 1967. C’est le moment du virage nationaliste que le PPM hésitait à emprunter jusque-là.

Un nationalisme modéré, revendiquant l’autonomie dans l’ensemble français


Un mot d’ordre constamment confirmé. Et ce, jusqu’en 1981. Deux semaines après l’élection du socialiste François Mitterrand à la présidence de la République, en dépit de quelques désaccords, notamment de son fidèle Aliker, Césaire décrète "un moratoire politique concernant le problème du statut juridique". Une ligne tenue jusqu’à récemment.
Réunion des militants au siège du PPM à Fort-de-France
Voici quelques semaines, ses militants ont décidé de revenir aux fondamentaux en publiant la Déclaration de Rivière Blanche, le 9 décembre 2017. Son président Serge Letchimy, estime que l’autonomie peut être obtenue dans le cadre du statut actuel. Il n’est pas certain que la pensée de Césaire, sur ce point-là, soit perpétuée.

La ligne politique évolue au gré de l’air du temps, au PPM et ailleurs. Laquelle impose aux nationalistes de mettre en sourdine leur souhait de prendre de la distance avec l’État. Autonomistes ou indépendantistes, ils s’aperçoivent que leurs discours de rupture n’emportent pas l’adhésion populaire. D’autant que leur bilan de la gestion des collectivités locales pêche par un conservatisme confinant à l’immobilisme.

Que veut le PPM ? Soixante ans après sa création, le moment semble venu de sa mutation vers un pragmatisme politiquement correct.