Le peuple martiniquais est-il une réalité virtuelle ?

Manifestation dans les rues de Fort-de-France.
Alors que nous sommes attendus à certains événements majeurs nous concernant, notre absence est criante. Au point de se demander si nous savons vraiment faire corps lors de rendez-vous importants.
 
Le peuple martiniquais en est-il un ? Autrement dit : que signifie l’expression "faire peuple" ici ? Le dictionnaire Larousse est clair. Un peuple est "un ensemble de personnes vivant en société sur un même territoire et unies par des liens culturels". Ou encore : "communauté de gens unis par leur origine, leur mode de vie, leur langue ou leur culture".

À quel moment ou dans quelle circonstance ces définitions peuvent-elles s’appliquer chez nous ? Au quotidien, nous sommes passés maîtres dans l’art de montrer nos divisions et nos fractures. Qu’elles soient basées sur la couleur de peau, la classe sociale, la zone géographique.
Manifestation anti-chlordécone (samedi 15 juin 2019), à Fort-de-France.
Dans les moments forts, nous avons parfois du mal à faire bloc. Des exemples récents nous interpellent. Par exemple, pourquoi la mobilisation sur les effets de la chlordécone ne réunit que quelques dizaines de personnes ? Pourtant, nous sommes tous concernés.
 

Quand et comment faire peuple ?


Autre question : pourquoi les Matinino suscitent-ils un si faible engouement ? Les supporters partis les soutenir se comptent sur les doigts d’une main. Pourtant, notre sélection de football navigue dans l’élite nord-américaine et caraïbe.

Par le passé, nous avons su montrer notre unité et notre solidarité face à l’adversité. Comme lors de la catastrophe de la Pelée en 1902. Ou pour la mobilisation sociale de février-mars 2009. C’est encore le cas lors du passage des cyclones. Entre autres illustrations.

Mais bien souvent, le peuple fait défaut quand il est attendu. Nous préférons nous agglutiner dans un centre commercial en espérant gagner une voiture que défiler contre l’inaction de l’Etat pour protéger notre santé. Nous restons indifférents aux efforts de nos sportifs alors qu’ils honorent notre fierté à l’étranger.

Et nous restons sans voix, enfermés dans le cachot de notre désespoir, espérant le sauveur suprême ou le Dieu bienfaiteur. Dès lors, se pose la question de savoir ce qu’est le peuple martiniquais, et ce à quoi il aspire en tant que communauté humaine. Mi péyi, mi !