Plusieurs entreprises de Martinique actuellement en difficulté… à cause des actes de vandalisme des derniers mois

Le tribunal de commerce de Fort-de-France.
Depuis quelques semaines, la liste des sociétés en difficulté s’allonge, ce que confirme le tribunal de commerce de Fort-de-France. Les nombreux actes de vandalisme commis en marge de la mobilisation contre la vie chère engagée le 1er septembre dernier, en seraient la conséquence. La juridiction "ne compte pas ses heures" face à l’explosion des recours, tandis que le MEDEF Martinique alerte d’ores et déjà le prochain gouvernement, en considérant qu’il y a "une urgence économique et sociale" sur l’île.

Le tribunal de commerce le confirme : le nombre d’entreprises en difficulté a explosé ces dernières semaines, conséquence des multiples actes de vandalisme perpétrés sur l'île, parallèlement à la mobilisation engagée contre la vie chère depuis le 1er septembre 2024 par un rassemblement citoyen.

Nous avons doublé en ce moment le nombre de dossiers enrôlés pour les audiences. Nous sommes passés par exemple à 49 dossiers pour une audience à 15 jours, à 35 dossiers pour une audience la semaine dernière. Donc le tribunal qui a tout à fait conscience des difficultés des entreprises actuellement, ne compte pas ses heures et je rappelle qu'il faut le saisir le plus tôt possible et ne surtout pas attendre d’être assigné par son créancier.

Pierre-Emile Dunoyer, greffier au tribunal

(joint par Ronan Bonnec)

"Il ne faut pas se sentir coupable de demander un dossier"

Le tribunal offre une protection qui peut durer 2 fois 6 mois et éventuellement sur requête du parquet 18 mois. Chaque chef d'entreprise peut connaître des difficultés pour x raisons, ce n'est pas toujours de sa faute, mais il ne faut pas se sentir coupable de demander un dossier auprès du greffe du tribunal de commerce pour cessation de déclaration des paiements, car le tribunal est là pour aider les entreprises, les accompagner et s'il peut prononcer des plans de redressement ou des plans de sauvegarde pouvant aller jusqu'à 10 ans, il le fera dans l'intérêt des chefs d'entreprise.

Pierre-Emile Dunoyer

De nouveaux commerces en feu au quartier Sainte-Thérèse à Fort-de-France, dans la nuit du jeudi 5 au vendredi 6 décembre 2024, en marge de la lutte contre la vie chère.

Les derniers méfaits remontent à la nuit du jeudi 5 au vendredi 6 décembre 2024, durant laquelle d’autres enseignes ont été la cible des délinquants à Fort-de-de-France, au quartier Sainte-Thérèse une fois de plus.

L’une des deux stations-service de l'Avenue Marice Bishop, le fast-food, une compagnie d’assurances et un snack ont subi à leur tour de gros dégâts.

N’ayant pas réussi à rentrer par certains accès, ils [les vandales] ont carrément écrasé un mur avec une masse pour pénétrer à l’intérieur. Ils ont eu beaucoup de temps entre minuit et 5h00 du matin… ils étaient plutôt bien organisés donc ils ont essayé d’ouvrir les coffres mais n'ont pas réussi donc du coup Ben ils se sont retournés sur tout ce qui avait dans la dans les snacks et dans la station [contiguë… des cigarettes, de l'alcool, des jeux de grattage, les bouteilles de gaz… tout ce qu’ils pouvaient voler.

Kévin Enya, responsable d'exploitation des franchises Elizé

(au micro de Bianca Caréto)

À l’issue de cette nouvelle nuit de violence, 12 salariés du snack se retrouvent au chômage partiel, dans l’attente d’une réouverture éventuelle de leur outil de travail prévue d’ici à la fin de cette année.

Face à ces exactions à répétition dont plusieurs autres commerces ont été victimes sur l’ensemble du territoire depuis le mois d’octobre dernier, l’organisation patronale MEDEF Martinique, a pris sa plume.

Dans une lettre ouverte datée du 5 décembre 2024, la présidente du Mouvement interpelle le futur Gouvernement en lui demandant d’"agir vite, pour éviter l’aggravation de la situation".

La Martinique traverse une période délicate où les effets combinés de l’inflation, des crises sociales et des difficultés structurelles fragilisent notre tissu entrepreneurial. Les entreprises locales, piliers de notre économie, subissent de plein fouet les conséquences de ces turbulences, menaçant l’emploi et le tissu social (…).

Catherine Rodap

(présidente du Mouvement des Entreprise de France en Martinique)

"Urgence économique et sociale"

Le protocole d’objectifs et de moyens signé le 16 octobre 2024, visant à lutter contre la vie chère, a suscité un espoir légitime parmi les Martiniquais (…). Cependant, l’instabilité politique actuelle et le report de l’adoption de la loi de finances initiale pour 2025 font craindre des retards aux conséquences graves. Une urgence économique et sociale : agir vite pour éviter l’aggravation de la situation.

Catherine Rodap

(courrier du 5 décembre 2024)

Catherine Rodap est la présidente du Medef Martinique.

Dans sa missive, le MEDEF avance des propositions, "pour soutenir une relance durable en Martinique" soulignent les patrons.

  1. "Accélérer la mise en œuvre des mesures du protocole d’objectifs et de moyens : en simplifiant les mécanismes administratifs nécessaires à leur exécution, et en préservant les budgets alloués à leur financement.
  2. Renforcer l’accompagnement des entreprises locales : par des dispositifs adaptés aux réalités ultramarines, incluant des allègements fiscaux ciblés et des aides à la transition écologique et numérique.
  3. Soutenir la production locale : en valorisant les filières stratégiques et en réduisant la dépendance excessive aux importations".

À ce jour, le prochain Gouvernement n’est toujours pas opérationnel.