"Pour être prêtre hindou, il faut être en accord avec les esprits" [Bruno Alimelie]

Bruno Alimelie est poussari (prêtre hindou) depuis 25 ans. ©Peggy Pinel-Féréol
Les festivités de commémoration des 170 ans depuis l'arrivée des Indiens en Martinique permettent de mieux découvrir cette communauté. Immersion dans le culte et la religion avec un rituel hindou pratiqué en l'honneur des divinités.

Ce rituel n'est pas une cérémonie, mais un "pousset". L'officiant, le "poussari" prie et fait des offrandes végétales afin de demander grâce aux divinités. Bruno Alimelie est prêtre hindou depuis 25 ans. Il est la troisième génération de sa famille après son père et son grand-père. 

Le prêtre hindou est là pour aider les personnes qui ont besoin de quelque chose, de guérison, besoin qu'on les aide, je suis là pour ça. Je suis destiné à être comme ça. Pour être prêtre hindou, il faut être en accord avec les esprits, il faut avoir ce petit quelque chose qui vous parle en vous, dans la tête, dans le coeur et qui montre ce qui a à faire. 

Le rituel se déroule autant à l'intérieur qu'à l'extérieur du temple dédié aux divinités.

Le rituel se déroule autant à l'intérieur du temple, où se trouvent les divinités, qu'à l'extérieur. Cependant, il n'est pas possible de s'approcher et de voir de plus près. 

Pour rentrer dans le temple, il faut avoir jeûné. C'est pour cela qu'il y a des barrières, c'est pour ne pas obstruer la cour de la chapelle, c'est-à-dire qu'il n'y ait pas de mauvaises choses. C'est un lieu sacré également, ce n'est pas n'importe qui doit rentrer dans la chapelle.

Les offrandes sont posées aux pieds de la déesse "Mariamman". Dans le temple, elle est accompagnée d'autres Dieux qui sont ses gardiens.

Ce temple est dédié à la déesse "Mariamman", "la reine mère" qui guérit les maladies. Elle est accompagnée d'autres Dieux qui sont ses gardiens. La Martinique compte sept temples hindous. Des lieux de cultes obtenus par les travailleurs indiens. 

Le béké a eu des difficultés pendant la saison. Même s'il ne voulait pas croire aux cérémonies des Indiens, il a tout de même accepté de leur construire un temple s'ils font tomber la pluie. Ils ont fait la cérémonie, il a eu de la pluie en abondance. Et c'est ainsi qu'ils ont obtenu un lieu pour prier. 

Le rituel se poursuit hors temple. Le poussari et son dévot musicien prennent la direction d'un arbre sur lequel trônent un croissant et une étoile, des symboles islamiques. Des prières et offrandes sont également faites au pied de cet arbre. 

Cela s'appelle le "Nagoulon", c'est un drapeau musulman. Sur le bateau "l'Aurélie" sur lequel étaient nos ancêtres, il y avait un seul prêtre musulman qui a demandé aux divinités de sauver la vie des Indiens tamouls et musulmans. S'ils arrivaient à bon port, ils devaient lui ériger un drapeau à son honneur. Le bateau est bien arrivé. Quand on fait nos rituels, ceux qui le veulent peuvent honorer ou demander grâce. Le drapeau ne doit pas être trop près de la chapelle. La cérémonie Nagoulon est très pratiquée en Guadeloupe.

La cérémonie "Nagoulon" se fait hors du temple en compagnie de Philippe Mroimana (en noir) et Gérald Mounoussamy Jetter (en bleu), tous deux venus de la Réunion pour les commémorations.