Les radeaux d'algues sargasse naviguent sur l'océan et n'ont pas de frontières. Depuis plus de 20 ans, ils constituent des menaces préoccupantes pour la biodiversité côtière, la santé des populations et l’activité économique.
Selon des données scientifiques, il existe une ceinture d'algues de 8 000 kilomètres de long entre les côtes africaines et caribéennes produites par les fleuves d'Amazonie et du Congo qui impacte les Petites Antilles. Des algues venant du fleuve du Mississippi échouent sur les côtes américaines, et la partie nord de l'Amérique du Sud.
Il n'y a plus de saisonnalité des échouements qui en 2011 impactaient les côtes entre mars et septembre. Les algues échouent sur nos côtes maintenant toute l'année. Chaque pays touché essaie avec ses moyens de faire face, et si les constats sont communs, la lutte ne l'est pas.
La France appelle à l'union
La France affectée à travers les collectivités d’outre-mer des Antilles a mis en place deux plans de lutte depuis 2018 qui s'achèveront en 2026 pour un montant total de 71 M euros. La lutte s'organise depuis peu en commun sur les territoires impactés.
En Martinique la mise en place d'un Groupement d'intérêt Public (GIP) permet aux communes de bénéficier d'aides et d'outils qu'elles ne pouvaient pas financer seules. C'est dans cet esprit que la France appelle à une coopération internationale pour lutter contre la prolifération des sargasses.
Toute l'économie de la Caraïbe est basée sur la biodiversité, avec l'échouement toute l'année des sargasses, notre biodiversité n'a plus le temps d'être résiliente.
Sylvie Gustave dit Duflo Présidente du conseil d’administration de l’Office Français de la Biodiversité, vice présidente de la Région Guadeloupe
Une coopération internationale pour quoi faire ?
- Avant tout pour protéger la bio diversité du bassin caribéen sur laquelle est basée l'économie des pays touchés.
- Pour agir sur les "producteurs d'algues". Elles naissent aux embouchures des fleuves du Mississippi, de l'Amazonie et du fleuve Congo.
- Pour mettre en place une coalition de scientifique pour comprendre pourquoi ces zones constituent des zones réservoirs.
- Pour définir un cadre juridique et économique et associer les agences des Nations Unies.
- Pour tirer part d'autres rencontres multilatérales telle que la COP Climat et Diversité et la réunion préparatoire de l'ONUC (Opération des Nations Unies au Congo).
- Promouvoir une plus grande mobilisation régionale dans la Caraïbe en faisant adopter par la convention de Carthagène une action contre les sargasses.
- Continuer le programme "SARG'COOP" Programme de Coopération de Lutte Contre les Algues Sargasses financées par l'Erope et portée par la Région Guadeloupe. (Ce programme a permis de financer la mise ne place de capteurs pour analyser les émanations des algues).
Les sargasses, une opportunité économique
Transformer cette menace en opportunité économique, c'est aussi le souhait de l'Union Européene dont font partie les régions ultrapériphériques françaises. Et c'est aussi dans ce sens que seront menés les prochains forums internationaux. Des chercheurs américains de l'Université Internationale de Floride (FIU) ont démontré les possibilités d'exploitation de l'algue envahissante.
Elles peuvent devenir des briques pour la construction, du charbon actif, de l'engrais, des compléments alimentaires pour les moutons ou produire de l'énergie...
L'urgence d'agir ensemble
Plus de 24 millions de m3, ce sont les prévisions d'échouements prévus sur les côtes pour l'année 2023. La prolifération des algues est aussi un enjeu de santé publique pour les populations qui vivent avec depuis maintenant 12 ans. Il est primordial d'agir a souligné Philippe Vigier. Des outils existent grâce à l'apport des financements de l'Europe, comme l'observation satellitaire des bancs de Sargasses.
J'espére que collegialement nous serons en capacité de nous retrouver avec un plan international opérationel lors de la Conférence des Nations Unies sur les Océans qui aura lieu à Nice en juin 2025
Philippe VIGIERMinistre délégué chargé des Outre-mer
Cette Initiative diplomatique française a entraîné une déclaration conjointe du Costa-Rica, la République Dominicaine, le Mexique et l’Organisation des États de la Caraïbe Orientale (OECO) pour mobiliser l’ensemble de la communauté internationale.