C'est souvent lorsque l'on ne peut pas obtenir rapidement une boîte de paracétamol que l'on s'aperçoit que l'approvisionnement en médicament des officines n'est pas régulier. Cette carence ne concerne pas uniquement ce produit mais selon les pharmaciens, des milliers de références sont ainsi en rupture régulièrement.
Les effets de la baisse des prix des médicaments
"Il faut mener une vraie réforme sur cette question d’approvisionnement des médicaments" estime Léa Donardim, présidente du syndicat FSPF (Fédération des syndicats pharmaceutiques de France).
Pour les représentants de sa profession, c'est la politique globale de la baisse des prix mise en place par le gouvernement pour faire face aux dépenses de santé, qui engendre la pénurie.
La France achèterait les médicaments moins chers que d'autres pays et ne serait pas prioritaire par rapport à ceux qui payent mieux les fabricants. Par conséquent, les Français sont servis les derniers et subissent les fluctuations de production.
Nous rencontrons des difficultés à délivrer certaines références pour plusieurs traitements contre la tension, le diabète, le cancer...
Léa Donardim
Une pénurie grandissante
Cette pénurie ne cesse de croître.
En Martinique on estime que l’on est passé de 400 médicaments en rupture de stock en 2014 à 2900 en 2024.
Au niveau national, en 2023, près de 5 000 médicaments ont été signalés en "rupture de stock" ou en "risque de rupture" par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), contre 3 761 en 2022 et 2 160 l'année précédente.
Cela concernait notamment l'amoxicilline, les traitements anticancéreux et l'insuline.
La nouvelle stratégie du gouvernement pour pallier la pénurie des médicaments, présentée en février 2024, n'est pas suffisante pour les pharmaciens. Le gouvernement affirmait que "les acteurs de la chaîne pharmaceutique (industriels, dépositaires, grossistes répartiteurs, pharmaciens d’officine et hospitaliers), s'étaient engagés autour d’une charte de bonnes pratiques afin de garantir au mieux une disponibilité équitable des médicaments en tout point du territoire national ".
La concurrence d'internet et la menace sur la profession
Les pharmaciens s'inquiètent d'une dérégulation du marché et de la vente en ligne de médicaments par des plateformes commerciales avec des stocks externalisés. Pour eux, cela constitue à "une atteinte au réseau pharmaceutique et une destruction de son maillage".
Il est de plus en plus difficile par rapport à ce marché parallèle, d'évaluer les besoins du marché local et d'anticiper sur les stocks déjà fragilisés par les spéculations financières des fabricants.
La pénurie des médicaments en Martinique est aussi une menace pour l'avenir de la profession de pharmacien. Il y a 130 officines réparties sur le territoire soit 160 pharmaciens et près de 700 collaborateurs. Selon la Fédération des syndicats pharmaceutiques, en 14 ans, 21 pharmacies ont fermé en Martinique.