Publication des comptes du Groupe Bernard Hayot : l'audience finalement renvoyée à janvier 2025

Le tribunal de Fort-de-France.
Ce 19 décembre, le tribunal mixte de commerce de Fort-de-France a accepté la demande de renvoi formulée par l’avocat des quatre plaignants ayant assigné en novembre dernier le Groupe Bernard Hayot (GBH), à l'obligation légale que constitue le dépôt de ses comptes annuels.

Maître Renaud Portejoie, l’avocat des plaignants, a livré les raisons de cette volonté de renvoi. Une demande motivée, à l'écouter, par certains délais particulièrement courts.

Nous avons demandé un renvoi car nous avons été destinataires, hier, de conclusions au terme desquelles on nous annonçait que GBH avait déposé ses comptes. Ce que nous réclamions judiciairement c’est que GBH, comme toute entreprise, dépose ses comptes de façon annuelle, ce qui n’était pas le cas depuis six ans. Et on nous annonce, à la dernière minute, que le nécessaire a été fait. Nous voulons prendre le temps de vérifier les comptes qui ont été déposés, nous assurer qu’il s’agit des comptes consolidés, c’est-à-dire de l’ensemble du groupe GBH et pas simplement de la société Holding. Il y a une obligation légale, pour une holding qui pèse plus de 48 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, de déposer l’ensemble des comptes du groupe. Si la loi l’impose, nous demanderons à ce que l’ensemble des comptes soit déposé.

Me Renaud Portejoie, interrogé par Cécile Marre

Mathilde Désir est l’une des plaignantes et "lanceuse d’alerte" de ce dossier. Elle explique la genèse d'une démarche en justice jusque-là inédite en Martinique.

Comme tout le monde nous subissons la vie chère. On a été attentifs aux tables rondes et on a identifié selon nous une pièce manquante du puzzle : le secret des marges. On a lu le rapport de la commission d’enquête de Johnny Hajjar, qui parle d’une vraie opacité des comptes de la grande distribution. On a décidé de le vérifier et on s’est rendu compte que les comptes n'étaient pas publiés par la majorité des grands acteurs de la distribution depuis des années. Donc on a décidé, vu que personne ne le faisait, d’agir.

Mathilde Désir, au micro de Cécile Marre

Maître Philippe Dubois, avocat du groupe GBH, fait lui entendre la position de l’opérateur économique dans ce dossier. Un défenseur qui, a contrario, assure que la volonté de transparence n'a jamais fait défaut à son client.

La société GBH a toujours joué la transparence par rapport à toutes les autorités dont elle relève : les autorités fiscales, les autorités de la concurrence, les commissions d’enquête parlementaire. Et elle a décidé, en début de semaine, de répondre intégralement à la demande faite par les demandeurs, c’est-à-dire de déposer les comptes des cinq dernières années. Les demandeurs ont demandé un renvoi pour vérifier la réalité de ce dépôt, qui s’est fait sous le contrôle d’un huissier de justice pour qu’il n’y ait pas de doute à cet égard. Il s’agit exactement des comptes tels qu’ils ont été demandés par les demandeurs dans leur assignation. C’est-à-dire les comptes de la société GBH sur les cinq dernières années. Seule la holding était concernée par la demande.

Me Philippe Dubois, répondant aux questions de Cécile Marre

"Dieudonné exige la publication des comptes"

Nouveau plaignant dans ce dossier, le célèbre et controversé humoriste Dieudonné MBala MBala. Son avocat, Me Georges-Emmanuel Germany, explique les raisons de ce positionnement.

Tout citoyen a les mêmes droits, c’est le principe d’égalité. Et face à monsieur Hayot, Dieudonné exige la publication des comptes. Dieudonné est citoyen français et il peut exiger de toute entreprise française que les comptes soient publiés. On se souvient de son attachement à l’outremer, il vient régulièrement en Martinique, il s’était même présenté à des élections en Guadeloupe, donc Dieudonné est très attaché à cette terre. (…) Il souhaite que la loi soit respectée, que les comptes soient publiés. Et c’est une première victoire qu’il a obtenue, puisque la preuve de la publication des comptes sociaux vient de nous être communiquée. Il reste maintenant la publication des comptes consolidés. GBH est une holding et il faut qu’on ait la vérité sur les comptes. Toute la vérité. Là on est à la moitié.

Me Georges-Emmanuel Germany, à Cécile Marre

La prochaine audience devrait se dérouler le 25 janvier prochain.

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