Qu'est ce que le phénomène "Lahar" et est-il si fréquent ?

Le phénomène "Lahar" qui se produit au Prêcheur depuis la semaine dernière est dans toutes les têtes. Mais cette coulée de boue volcanique a déjà été observée par le passé. Elle serait déjà responsable de la destruction de l'ancien pont en 2010.
À la suite d'une tempête ou de fortes précipitations, le "Lahar" ou coulée de boue volcanique des flancs de la montagne Pelée se produit lorsque des débris instables, cendre volcanique, terre, roches, situés au niveau de la falaise Samperre ou de la rivière du même nom sont décrochés et emportés par le flux d'eau. "Il ne s'agit en aucun cas d'activité sismique ou volcanique", assurent les spécialistes.

Cependant, la forte teneur en matériaux des "lahars", leur confèrent un fort pouvoir érosif. Le phénomène est dangereux, car il peut rapidement emporter des terrains sur lesquels peuvent se trouver des habitants.

Des précédents


Selon l'observatoire volcanologique et sismologique de Martinique au Morne-des-Cadets, plusieurs coulées de boue volcanique ont été observées ces dernières années. Il faut citer celui de 2010 qui a transporté des blocs de plusieurs dizaines de tonnes et submergé le pont du Prêcheur.

Depuis 1999, un système de surveillance a été installé. Il est situé en aval de la falaise Samperre, son objectif est de détecter la formation de coulées de boue et de déclencher des sirènes dans le bourg.
Le système de capteur modulaire installé en amont de la rivière n'est plus fonctionnel. Il a été arraché lors du dernier "Lahar".
La détection des alarmes repose sur cinq capteurs pendulaires fixés sur des câbles en acier traversant le lit de la rivière 20 mètres au-dessus. Chaque capteur pendulaire est réglé à une hauteur différente. Lorsqu'un capteur est en position verticale, il n'y a pas d'alarme. Lorsqu'au moins deux capteurs sont inclinés (passage de coulée), il y a déclenchement de l'alarme.

Un service dégradé


Cependant, selon les techniciens de l'observatoire, ce système aurait été emporté en début de semaine, lors du dernier "lahar". Le service est donc dégradé avec d'une part un système de surveillance par un réseau de géophone qui enregistre les bruits induits par le déplacement des blocs de pierre dans la rivière. Il permet aux scientifiques d'estimer l'intensité du phénomène, et après les événements, de déterminer leurs caractéristiques remarquables, durée, vitesse et dans certaines conditions particulières, leur débit.
Et d'autre part, les stations sismiques situées autour de la montagne Pelée qui enregistrent les glissements de la falaise Samperre et les lahars les plus importants.

Par ailleurs, la municipalité a mis en place une veille physique par le biais d'habitant résidant non loin de la montagne. En effet, Georges-Marie Delors habite à 1,5 km du bourg. Lors du dernier phénomène de 2010, c'est elle qui avait donné l'alerte permettant ainsi de sauver des vies. Elle a raconté ce jour à Jannick Dulio et Marc-François Calmo : 
©martinique

Historique des "Lahars"
1902 : lahars éruptifs, 400 morts
1950-51 : lahar ou inondation (1victime)
1965 : éboulements et lahars
1967 : lahars (tempête Beulah)
1970 : lahars (tempête Dorothy)
1976 : coulée boueuse avec submersion du pont + destruction d'habitation
1977 : lahars
1980-81 : glissement de terrain crise majeure avec destruction du pont
1986 : lahars
1989 : lahars
1990 : lahars (tempête Klaus)
1993 : lahars (tempête Cindy)
1995 : lahars (tempête Iris)
1997 : lahars
1998 : lahars
2002-2009 : lahars (tempête Erika)
2010 : éboulement majeur et lahars avec destruction du pont
2011 : glissement de terrain et lahars

Source : Observatoire volcanologique et sismologique de Martinique