Quels seront les contre-pouvoirs face à la gouvernance de la future CTM ?

André Lesueur (Espace Sud), Luc Louison Clémenté (CACEM) , Bruno Nestor Azérot (Cap Nord)

Parmi les sujets de réflexion à propos des élections territoriales, celui de la couleur politique des futurs dirigeants de la CTM, qui sera comparée à celles des présidents des trois communautés d’agglomération. En jeu, l’équilibre politique entre ces instances.

Et si les contre-pouvoirs à la CTM étaient localisés dans les communautés d’agglomération ? Et si notre paysage politique se caractérise désormais par des sphères d’influence concurrentes ? L’une a son épicentre à Cluny, siège de la Collectivité Territoriale de Martinique. Les autres rayonnent depuis Marigot, Fort-de-France et Sainte-Luce, sièges de nos trois intercommunalités.

Cette thèse est défendue par le politologue Justin Daniel. Il observe que les présidents des communautés d’agglomération détiennent un réel poids politique. Leurs fonctions leur permettent de se faire entendre aussi bien par la CTM que par le préfet.

Les intercommunalités, lieux de pouvoir

 

Vu l’importance des institutions qu’ils administrent, les présidents de CAP Nord, de la CACEM et de l’Espace Sud incarnent, eux aussi, des pôles de décision politique. Ils représentent les communes et peuvent se faire les porte-paroles des élus de proximité, le premier échelon du mille-feuilles institutionnel.

Or, ces trois intercommunalités sont présidées depuis les élections de juillet 2020 par des membres ou des alliés de la coalition Alliance, anciennement Ensemble pour une Martinique nouvelle, dirigée par le Parti progressiste. Elles disposent de pouvoirs étendus en matière de développement économique et d’aménagement du territoire notamment.

Un président peut en cacher un autre

 

De droit et de fait, leurs présidents disposent de leviers puissants. Dès lors, il est tentant de disposer d’une position de repli pour ceux qui ne gouvernent pas la CTM. Pour rappel, la disparition du Conseil général et du Conseil régional avait fait craindre la tentation hégémonique d’un courant politique sur les autres.

Une forme d’alternance était permise avec la coexistence de ces deux collectivités. Ce qui est impossible depuis l’avènement de la CTM. Son conseil exécutif est monocolore. L’opposition y a la portion congrue, avec un siège sur cinq au bureau de l’assemblée, mais aucune des 17 présidences des commissions de travail.

Alternance ou hégémonie ?

 

Une situation offrant la possibilité pour ceux qui ne sont pas au pouvoir à Cluny de prendre des positions ailleurs. Ceci au nom du nécessaire équilibre entre les instances où s’élaborent et se décident les politiques publiques. Ce qui n’écarte pas, toutefois, le risque de générer l’hégémonie tant redoutée.

Les résultats des prochaines élections territoriales nous permettront de savoir si la Martinique sera dirigée par une seule famille politique ou par des courants différents, voire antagonistes. Comme quoi, notre bulletin de vote compte vraiment.