L’activité a repris ce mercredi 11 janvier 2023 dans les laboratoires d’analyses médicales après deux jours de contestation. Le gouvernement envisageait une diminution de leurs tarifs dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2023 et ses projections pour 2024 et 2025.
À ce stade, les représentants de la profession sont parvenus à "un premier accord sur des baisses tarifaires de 250 millions d’euros en 2023" portant à la fois sur l’activité de routine et celle de la Covid-19. Les discussions vont se poursuivre avec le ministère de la santé.
Cet accord ne règle pas l'ensemble des demandes des biologistes mais constitue une avancée notable sur trois points : 1. Il exclut toute baisse en 2023, autre que les 250 millions d'euros déjà prévus au PLFSS (Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale) ; 2. Il consacre la demande des biologistes d'une baisse de 1 centime de la lettre clé B (sur laquelle sont cotés les actes de biologie) au lieu des 2 centimes initialement demandés par les autorités ; 3. Il prévoit clairement l'ouverture prochaine d'un cycle de négociations avec le ministre de la santé concernant le fonctionnement de la biologie pour les années 2024 à 2026, avec la volonté de repenser le rôle du biologiste dans les parcours de soins.
Communiqué de l’ABM – Alliance de la Biologie Médicale(11 janvier 2023)
"Favorables à une maitrise des dépenses de santé"
Les biologistes médicaux affirment qu’ils sont "favorables à une maitrise des dépenses de santé". Ces professionnels précisent en outre, que les trois protocoles qu’ils ont signé avec la CNAM (Caisse Nationale de l’Assurance Maladie) depuis 2013, "ont permis de réaliser 5,2 milliards d’euros d’économies au bénéfice de l’assurance maladie, et donc du contribuable".
C'est l'Etat, la sécurité sociale en l’occurrence, qui me rembourse les actes que je fais et c'est également lui qui fixe les prix de ces actes. Un coup il me dira maintenant ton analyse elle vaut 10€ et un an après il me dira maintenant ton analyse elle ne vaut plus 10€, mais 9€. L’année d’après il me dira c’est 8€… et c'est tout le temps comme cela depuis une dizaine d'années, pour économiser sur la sécurité sociale.
Pierre Bancons, biologiste médical à Biolab Martinique
"On ne peut plus"
D'habitude nous fonctionnons avec des accords triennaux, c'est à dire qu’on négocie sur des périodes de 3 ans, un étalement de certaines baisses tarifaires en compensation d'augmentation de volume, parce que les tarifs baissent mais souvent il y a un peu plus de prescriptions, donc on fait un peu plus d'examens (…). Nous, on se bat au quotidien pour travailler pour moins cher, mais à un moment on ne peut plus. On nous demandait des baisses très importantes sur la période 2023, 2024, 2025 et 2026 pour 1milliard 300 000 euros .
Pierre Bancons
"Notre activité courante sacrifiée sur l’autel du déficit de la sécurité sociale"
Ce que nous ne pouvons accepter, c’est que notre activité courante - qui intervient dans 70% des diagnostics et décisions médicales alors même qu’elle ne représente que 2 % des dépenses en santé -soit sacrifiée sur l’autel du déficit de la Sécurité sociale en lui faisant subir, à elle-seule plus de 20% du volume d’économies prévu !
synlab.fr
Dans une lettre ouverte adressée au Président de la République, le syndicat des biologistes et les membres de l'Alliance de la Biologie Médicale (ABM), demandent à Emmanuel Macron de "ne pas laisser mourir la biologie médicale française".
Nous, professionnels de santé, sommes très inquiets et demandons solennellement votre aide (...). Nous ne réclamons aucune hausse des tarifs, comme l’assurance maladie le laisse entendre. Nous demandons simplement de la visibilité et des économies soutenables pour notre secteur, afin d’éviter les conséquences désastreuses pour la santé des Français. À court terme, la suppression de plus de 10 000 emplois directs et la fermeture de 400 sites de proximité, notamment dans les déserts médicaux, sont inévitables !
sdbio.eu