Historique ! L’accord signé par les 196 Etats participants à la COP 27 créant un fonds pour les "pertes et dommages" est historique. Le projet est porté depuis trois décennies par plusieurs pays d’Afrique, du Pacifique et des Caraïbes. Son objet : définir de nouvelles modalités de l’aide financière des pays développés aux pays les plus fortement impactés par les dégâts irréversibles causés par l’augmentation des températures.
Une personnalité a beaucoup oeuvré, depuis la COP 26, l’année dernière, pour que ce fonds soit accepté à l’unanimité. La Première ministre de Barbade, Mia Mottley, a expliqué à ses homologues, cette fois encore, qu’il est temps de réformer le système financier international datant de la fin de la Seconde guerre mondiale. "Le monde en développement n’a pas été suffisamment entendu et doit trouver sa place", a-t-elle rappelé.
Il reste à rendre cet accord opérationnel, car il se limite à une déclaration de principe. D’où cette annonce du président Emmanuel Macron, appuyant la cheffe du gouvernement barbadien, de réunir à Paris un sommet mondial en juin 2023, avant la COP 28. Ce sera l’occasion de donner la consistance qui lui manque au fonds "perte et dommage". En l’état, des questions essentielles appellent des réponses. Exemple : qui va l’alimenter, et comment ; qui va en bénéficier, et selon quels critères ?
Des remises en cause à prévoir
Quelques remises en cause sont prévisibles. Depuis le Sommet de la Terre à Rio de 1992, les négociations sur le climat ont tracé une frontière entre pays développés ou riches, premiers responsables de la hausse des températures, et pays en développement ou pauvres, premières victimes des dérèglements atmosphériques. Or, en trente ans, certains pays se sont enrichis et sont devenus de grands émetteurs de gaz à effet de serre : Chine, Inde, Brésil, Indonésie, Arabie saoudite et...Qatar.
Autre question : combien d’argent doit être récolté ? Un rapport de novembre 2018 publié par les économistes du Centre basque pour le changement climatique évalue les dommages à réparer entre 116 et 435 milliards de dollars en 2020. Cette somme pourrait atteindre 1 700 milliards en 2050.
Des sommes astronomiques pour réparer les dégâts
Ces sommes gigantesques représentent les coûts des dégâts et le manque à gagner économique des régions subissant les catastropes naturelles imputables aux modifications du climat. Une autre évalutation porte à 2 000 milliards de dollars chaque année le montant nécessaire aux pays pauvres pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et supporter la catastrophe climatique. Cet argument est contenu dans un appel lancé par le quotidien britannique "The Guardian" repris par plus de trente médias de vingt pays.
Les pays riches ne représentent qu’une personne sur huit dans le monde aujourd’hui mais sont responsables de la moitié des gaz à effet de serre. Ces pays ont évidemment la responsabilité morale d’aider les autres.
L’appel publié le 15 novembre 2022The Guardian
Tout est dit. La COP 28, dans un an, pourra-t-elle porter des réponses claires et concrètes à cette problématique ?