Saloni : votre nouvelle série, le premier épisode

Ah le charme (et l'angoisse) du tout premier épisode d'une nouvelle série. Je vais aimer ? Je vais m'ennuyer ? Alors, moyen, pas mal ou plutôt réussi, ce pilote ? La réponse !
Saloni demande une sacrée dose d'ouverture d'esprit pour un habitué des télénovelas ou des séries américaines. C'est une histoire Indienne qui se déroule devant nos yeux, cent pour cent Indienne, avec des acteurs et des intrigues très marqués. C'est un tout pan de la société qui s'ouvre à nous et pour peu qu'on ne soit pas un habitué (c'est mon cas, j'ai du en tout et pour tout regarder un seul film Indien dans ma vie : "La famille Indienne") on risque vite d'être désarçonné en commençant le visionnage.



Oui mais voilà...


Là où les scénaristes sont très forts, d'entrée de jeu, c'est sur cette mystérieuse jeune femme qui donne son nom à la série (en 800 épisodes, tout de même, dans quoi je m'engage, moi ?!) et...qu'on ne voit jamais, car elle passe son temps cachée par des artifices divers et variés : pots de fleur, foulards, meubles, jamais son visage n'apparaît et on finit par se demander quel monstre hideux se cache donc derrière le léger voile recouvrant son visage. Il faut attendre un bon quart d'heure pour le spectateur découvre enfin ses traits, via la demande directe d'une des héroïnes de la série, la méchante Padma. 

Saloni retire son voile et là, soudain, apparaît devant nous une sublime jeune fille, aux yeux doux, finement maquillée...mais qui provoque l'horreur dans les yeux de Padma, à la recherche d'une future mariée idéale pour son fils. Idéale, c'est à dire...blanche de peau ! Ou plus blanche que Saloni, en tout cas, qui pourtant se révèle être une parfaite et adorable personne dans une société impitoyable, celle des castes.



Quand la couleur de peau détermine la destinée.


C'est donc en quelques instants que l'enjeu (violent) de la série est posé : Saloni est née mate de peau, adoptée (? pas vraiment bien compris mais je pense) par une famille ayant déjà deux autres enfants et désireuse de se "débarrasser" d'eux à tout prix, surtout les filles. Telle est la méthode de pensée, en Inde : les femmes sont des boulets qu'on doit marier à tout prix, quitte à verser une luxueuse dot et les garçons de futures rentes car propres à ramener dans la corbeille de mariage cadeaux, argent et accessoirement une jolie jeune femme de même caste.

La mère de Saloni est ultra-violente dans son propos, tout en ambivalence : elle aime sa fille, oui, elle souhaite son bonheur, oui, mais pour le moment sa fille lui "colle la honte" par sa peau, par ses actions insensées (Saloni danse à la perfection et se fait donc remarquer) et parce qu'elle n'écoute pas sa mère. On comprend que Saloni refuse de l'écouter quand on voit que les conseils prodigués sont assez hallucinants : se teindre la peau en blanc via des crèmes chimiques ou se maquiller pour paraître plus pale. Dictature de l'Occident sur les peaux moins claires qui apparaît en filigrane mais également portrait incisif d'une civilisation Indienne à la fois puissance mondiale...et toujours arqueboutée sur des manières de penser datant de plusieurs siècles : les mariages sont arrangés sans amour, la peau claire est synonyme de richesse et de beauté...et les castes, même abolies, déterminent qui a droit au bonheur et qui doit rester chez lui, à attendre dans cette vie que son destin d'être inférieur s'accomplisse.




Le spectateur est fasciné.


Bien évidemment, la sauce prend immédiatement et je suis resté scotché, bien pensif, n'en croyant pas mes yeux, un peu trop habitué aux relations que je connais ici, dans ma vie (on se fréquente, parfois on couche ensemble, parfois on se marie, parfois on reste célibataire, aussi, toute sa vie, homme ou femme) pour ne pas tomber du côté de Saloni dont la vie si injuste me touche au plus haut point. Saloni semble décidée, cependant, à contenter à la fois sa mère et son coeur qui penche obstinément vers un jeune musicien (Nil) d'une caste encore plus inférieure à la sienne (ça va être compliqué !)...et va donc, je présume, vivre son destin de femme indépendante devant nos yeux. Vraiment réussi pour un premier épisode. Les enjeux dramatiques sont remarquables.




Bilan : 

- J'ai aimé le dépaysement total (les extérieurs, surtout !!) et les couleurs si particulières à la Bollywood : costumes, maquillages, décors.
- Les personnages féminins semblent prendre le dessus sur le casting et vont porter l'intrigue, devant des hommes plus fades (ou plus ridicules) : ça promet du crêpage de chignons assez rapidement.
- Un doublage un poil décevant, par contre, clairement pas aussi  bon que sur d'autres séries, surtout sur le travail de fond (bruitages, etc...) mais qui a le mérite de bien retranscrire les dialogues originaux, tout en introduisant plusieurs fois chaque personnage. Le texte n'est PAS édulcoré (un gros mot apparaît) et c'est un point positif.
- Épisode court (20 mn) probablement doublé pour l'antenne, à vérifier.
- Une scène musicale par épisode ? A vérifier. Chic, chic, chic !

En une phrase :

Oui, j'ai aimé. Episode suivant, vite.