Conjonctivites, rhinites, douleurs thoraciques… Les martiniquais connaissent bien les conséquences des émanations des sargasses sur la santé. Les femmes enceintes, les asthmatiques et les jeunes enfants y sont particulièrement sensibles.
Une étude inédite sur plus de 3 000 femmes enceintes révèle désormais son impact sur un risque potentiellement mortel pour les futures mères et pour leurs fœtus : la pré-éclampsie. Une pathologie qui peut se manifester dès le 2e trimestre de grossesse.
Il va y avoir une anomalie dans le développement du placenta qui va entrainer un problème de circulation du sang entre la mère et le fœtus et en réaction l’organisme maternel. Lorsque le bébé reçoit moins de sang cela va augmenter la tension artérielle. Si on ne fait rien ça peut déboucher sur une éclampsie, un décollement prématuré du placenta, une mort in-utéro...pour l’enfant. Et pour la mère, l’éclampsie c’est des convulsions. Il peut y avoir une mort maternelle éventuellement.
Docteur Guy Mozogo Allogo, gynécologue
L’une des complications ultime de la pré-éclampsie est la rare, mais très redoutée éclampsie. 6,4% des femmes étaient concernées par une pré-éclampsie dans la cohorte.
Or, l’étude révèle que les sargasses précipitent la survenue de cette pathologie.
La pré-éclampsie survient significativement plus tôt si la femme habite à moins de 2 km des côtes.
Étude impact sargasse
Parallèlement aux facteurs de risques traditionnels, l’exposition environnementale aux échouages de sargasses pourrait potentiellement déclencher l’apparition précoce de pré-éclampsie entre la 20e et la 37e semaine d’aménorrhée.
Ce déclenchement de la pathologie, en moyenne trois semaines plus tôt pour celles qui subissent une exposition chroniques aux émanations de sargasses, n’est pas sans conséquences.
Plus une pré-éclampsie apparaît tôt, plus l’enfant va naître tôt et donc plus il va avoir un petit poids, plus il va avoir des complications respiratoires, de maladies infantiles...Un bébé d’âge moyen de 32 semaines il fait 2kg, à 35 semaines il peut faire 600 grammes de plus et ça change tout.
Docteur Guy Mozogo Allogo
Pour les femmes enceintes comme pour les populations les plus sensibles, la réponse des autorités est toujours la même : en ultime recours il faut quitter le domicile. C'est facile à dire lorsque l’expérience des 10 dernières années a souvent montré que les riverains étaient livrés à eux-mêmes. Les auteurs de l’étude concluent.
Ce résultat préliminaire souligne la nécessité de mesures de santé publique spécifiques et anticipées pour les femmes enceintes touchées par le problème environnemental récurrent que représente l'invasion des sargasses.
Sollicitées, les autorités devraient s’exprimer la semaine prochaine (mardi 5 juillet 2022) à ce sujet.