Dans un courrier adressé au préfet de la Martinique, Serge Letchimy, le président du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale de la Martinique demande la suspension de l'exécution des Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF) à l'encontre des ressortissants haïtiens résidant en Martinique au regard des "différentes crises qui traversent aujourd'hui la société haïtienne".
Le peuple martiniquais ressent de la compassion et de la fraternité pour Haïti. Car, bien au-delà de l'histoire, de la langue et de la culture communes que partagent nos îles, c'est surtout une communauté de destins liés qui nous unit profondément. Ainsi, par la présente je souhaite vous sensibiliser à la situation préoccupante à laquelle certains ressortissants haïtiens résidant en Martinique, et soumis à une OQTF, sont exposés.
Lettre de Serge Letchimy au préfet de la Martinique en date du 22 mars 2024
"Un contexte sécuritaire dégradé en Haïti"
Le président du Conseil Exécutif de la CTM souligne que "le contexte sécuritaire en Haïti s'est grandement dégradé au cours des dernières semaines".
Depuis le début du mois de mars, le pays fait face à une grave crise politique, sécuritaire et humanitaire. Des gangs armés ont pris le contrôle d’une partie de l’île et près de 80% de la capitale, Port-au-Prince en attaquant des sites stratégiques dans le but de renverser le Premier ministre, Ariel Henry.
Aussi, après l’évasion de milliers de détenus de prisons attaquées par des gangs, le gouvernement a déclaré l’état d’urgence et un couvre-feu.
La situation actuelle est aujourd'hui qualifiée comme « hautement insoutenable pour le peuple haïtien » par le Haut-commissaire des Nations-Unies. M. Fabrice Mauriés, ambassadeur de France en Haïti, s'est également inquiété des récents évènements. Dans cette conjoncture, il paraît difficilement envisageable que des ressortissants haïtiens puissent faire l'objet d'une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF).
Mise en place d'une "cellule de veille"
Dans cette missive, Serge Letchimy appuie la demande de l’Assoka, l'association pour la défense de droits de minorités de Martinique, qui réclame également, depuis le 13 mars, la "suspension sans délai des OQTF à l’égard des migrants et migrantes d’Haïti en Martinique".
À ce titre, je soutiens la démarche de l'association ASSOKA vous demandant de suspendre l'exécution des OQTF contre les haïtiens résidant en Martinique.
Enfin, le président du Conseil exécutif de la CTM a annoncé la mise en place d'une "cellule de veille afin de répondre à la détresse, et être au plus près des migrants haïtiens, et qui n'aspirent qu'à une vie meilleure."