Serge Letchimy refuse "catégoriquement" l’invitation de la Fondation Clément au vernissage de l'exposition d'art contemporain du Bénin

Serge Letchimy, président du conseil exécutif de la CTM (Collectivité Territoriale de Martinique).
Dans un communiqué, Serge Letchimy a exprimé son refus “catégorique” de participer au vernissage de l'exposition « Révélation ! Art contemporain du Bénin » à la Fondation Clément au François ce jeudi 14 décembre. Selon le président du conseil exécutif de la CTM, prendre part à cet événement heurterait "profondément sa conscience politique et morale".

Serge Letchimy ne se rendra pas au vernissage de l'exposition « Révélation ! Art contemporain du Bénin » au François ce jeudi 14 décembre.

Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, le président du conseil exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique “refuse catégoriquement l’invitation de la Fondation Clément”.

Une telle rencontre entre l'Afrique et la Martinique, dans un lieu ou les murs résonnent encore des cris de douleur de nos ancêtres esclaves, heurte profondément ma conscience politique et morale. Participer à cet événement serait une dissonance émotionnelle avec le respect dû à la mémoire de ceux dont les souffrances persistent dans ces lieux chargés d'histoire.

Serge Letchimy, président du conseil exécutif de la CTM

Pour rappel, le vernissage de l'exposition « Révélation ! Art contemporain du Bénin », qui réunit 42 artistes contemporains et plus d’une centaine d’œuvres, a lieu ce jeudi soir en présence de Patrice Talon, le Président de la République du Bénin. 

Une exposition contestée

L’exposition d’art contemporain béninois à la Fondation Clément fait polémique. Des appels à manifester ont été lancés par plusieurs associations, opposées au choix du lieu de l’exposition, qu’elles considèrent comme un “haut lieu de l’esclavage”.

Monsieur Talon, président de la République du Bénin, dès son élection en 2006, s’est engagé dans un processus de restriction des libertés dans son pays et aussi d’emprisonnement des opposants. Aujourd’hui, il arrive dans notre pays la Martinique, et voilà la première démarche en accord avec Bernard Hayot et l’État français. C’est de restreindre les mouvements des Martiniquais, restreindre nos droits à manifester, restreindre nos droits à exprimer notre désaccord concernant l’utilisation de l’art pour un business entre capitalistes et impérialistes. Nous dénonçons cette démarche et le PKLS condamne la visite de cet autocrate dans notre pays puisque nous considérons qu’il n’y a pas lieu d’utiliser un art si important pour faire profiter celles et ceux qui exploitent déjà le peuple martiniquais.

Alex Granville, membre du PKLS (Pati Kominis pou Lendépendans ek Sosyalizm)


interrogé par Grégory Gabourg

Nous appelons les Martiniquais à ne pas participer aux cérémonies ou autres rassemblements concernant les invitations de Monsieur Talon ou de monsieur Hayot. Nous exprimons notre désaccord total avec cette démarche. (…) Aujourd’hui, les Martiniquais et les Martiniquaises n’ont pas perdu leurs droits à manifester donc ils exprimeront avec leurs moyens leur ressenti par rapport à ce crachat qui est jeté à notre visage.

Afin de prévenir des “troubles éventuels à l’ordre public”, la Préfecture a interdit, par arrêté, tout rassemblement dans la commune entre 10h et minuit.