Si le hasard l'a mise sur le chemin de la contrebasse, c'est le courage et la détermination qui lui ont permis d'y rester, et d'y exceller. À 27 ans, Sulivàn Loiseau est la première Martiniquaise à avoir intégré l'académie de l'Opéra de Paris.
Native du Lamentin, Sulivàn part vivre en région parisienne avec sa mère à l'âge de onze ans. Arrivée à Villejuif, elle s'inscrit à un cours de contrebasse un peu par hasard, si ce n'est par dépit.
"Je voulais poursuivre le piano mais il ne restait des places qu'en trompette, au trombone et à la contrebasse. Je me suis dit que je m'en sortirai mieux avec les quatre cordes...", raconte la jeune musicienne, aujourd'hui en vacances sur son île.
Sous la tutelle des meilleurs à l'Opéra de Paris
Grâce à un travail quotidien et une persévérance qu'elle dit puiser dans son éducation maternelle, la contrebassiste ne tarde pas à briller.
Conservatoire régional de Saint-Maur, Conservatoire national supérieur de Paris, Orchestre philharmonique de Radio France... Petit à petit, les prestigieuses portes de la musique française s'ouvrent à elle.
Jusqu'à celles, tant convoitées, de l'Académie de l'Opéra de Paris. En septembre dernier, la contrebassiste réalise en effet l'exploit d'être la première Martiniquaise qui accède à cette formation. Jusqu'en 2025, elle se perfectionnera sous la tutelle des meilleurs solistes et tuttistes de France : les musiciens de l'Opéra de Paris.
Afin de rejoindre définitivement leur rang, Sulivàn devra cependant patienter encore un peu. Il lui faudra passer un second concours, encore plus sélectif, et cela si et seulement si un poste de contrebassiste se libère au sein de l'Opéra.
Attachée à son île et à la transmission
Mais du temps, Sulivàn en a encore devant elle. Et la musicienne n'entend pas le consacrer qu'à sa propre carrière. En parallèle de ses études artistiques, elle obtient également une licence en musique et musicologie à la Sorbonne, ainsi qu'un diplôme d’État en pédagogie.
Les Martiniquais figurent bien sur parmi ceux à qui elle s'attache à transmettre. En 2017, Sulivàn Loiseau revient sur son île. À travers des interventions en milieu scolaire et un concert donné à Tropiques-Atrium, elle met la musique baroque en lumière aux côtés du violoniste local Nicolas Boidel.
"Tant que ça motive les enfants à travailler et à faire de la musique, je suis heureuse. C’était encore plus fort de partager ça avec ceux qui ont grandi au même endroit que moi", commente la contrebassiste, qui aimerait renouveler cette expérience dès que possible.