Un cheval pour travailler en forêt, c'est inédit en Martinique

Le travail agricole est une première pour Athena, habituée à faire de la calèche.
C'est une expérience inédite menée dans la forêt de la reculée dans la commune de Sainte-Marie. Un cheval de trait est utilisé pour transporter les arbres abattus. Un essai qui pourrait déboucher sur la normalité dans les forêts martiniquaises.

Athéna est une jument de 14 ans. Présente en Martinique depuis dix ans, elle avait une activité unique, faire du transport en calèche. Mais depuis, le 17 septembre, elle se retrouve au cœur d'une expérience inédite dans la forêt de la reculée à Sainte-Marie.

Elle a pour mission d'évacuer le bois coupé. C'est ce qu'on appelle le débardage. La jument enchaîne alors les allers-retours.

C'est satisfaisant. Je ne pensais pas qu'on sortirait tout ça d'arbre en peu de temps. Je pensais que cela allait être plus dur. C'est une solution qui est testée. C'est l'ONF qui nous a mandaté et la DAAF qui finance cette solution.

Marion Dematons, gérante de la structure Co-équi-pieds

Financement autour des 10 000 euros selon les services de la DAAF. Athéna, elle, va à son rythme. Elle doit évacuer 70 arbres ciblés pour éclaircir la forêt et laisser les autres se développer. Dans plusieurs dizaines d'années, ils seront utilisés pour de l'ameublement ou de la charpente. 

Athéna transporte sa charge en respectant la nature.

Le travail d'Athéna permet aussi de mieux protéger la forêt de la reculée.

Le cheval permet de passer dans des trouées d'environ 2 mètres. Là où un avec un engin motorisée, les trouées auraient été plus importantes. Çela permet d'avoir un impact amoindri sur la forêt.

Michaël Rollin, technicien forestier de l'office nationale des forêts dans le secteur Nord-Atlantique

Dans la forêt, Athéna fait équipe avec Sully Caly, le bûcheron. Lui a vu la filière bois se déliter année après année.

Sully Cally est en charge de la coupe des arbres.

"Elle est à terre" dit-il en voyant le nombre de bûcherons être divisé par trois, passant de 15 à 5 bûcherons en dix ans. Alors, forcément, il voit d'un bon œil cette initiative surtout que celui lui rappelle son enfance.

Moi ça m'est arrivé tout petit avec mon grand père de porter des madriers. Je me rappelle, je disais "poté, djébé, pote'y". Je suis très content, je suis fier, ça veut dire que l'animal est très fort, puissant.

Sully Caly, bucheron

Les 70 arbres découpés par Sully et transportés par Athéna finiront leur route à la centrale Galion 2 de la Trinité comme combustible. Un combustible toujours importé de l'étranger en grande majorité.