Des travaux provisoires ont, certes, été engagés sur une partie des canalisations au Lorrain pour améliorer la distribution, tandis que la sécheresse se prolonge. Ce sont en tous cas les explications mises en avant par les distributeurs. Face à cette situation, des moyens de fortune ont été installés dans les zones les plus critiques. Mais les usagers qui redoutent déjà de revivre les même difficultés l’an prochain durant le carême, veulent une "solution définitive". Certains appellent de leurs vœux, la création d'une usine de dessalement d’eau de mer.
Le site (ci-dessus) situé dans la commune de Umm Salal au Qatar, a été inauguré en juin 2018. Pour pallier sa pénurie d’eau potable, ce petit émirat gazier au climat aride, peut compter sur ces installations, lesquelles peuvent abriter jusqu’à 1,8 millions de m3 d’eau.À mon sens, une usine de dessalement serait capitale, d’autant que nous aurons de plus en plus de sécheresses très dures.
Au Qatar, où le climat est très désertique, les habitants ne connaissent pas les problèmes d’eau que nous avons aux Antilles, grâce à ce genre d’usine.
C’est inadmissible en 2020 !
( Isabelle, une habitante (en colère) du quartier Acajou, au Lamentin).
Elles sont reliées aux deux usines de dessalement d’eau de mer du pays, via 600 km de tuyauteries, (dont une bonne partie réalisée par la société française, Saint-Gobain).
Une machinerie complexe
Pour rester saine, l’eau doit circuler en permanence grâce à un système de dénivelé à l’intérieur des réservoirs. Ce site qui équivaut à 700 piscines olympiques, est l’une des plus vastes réserves artificielles d’eau potable au monde.
Témoignage d'un martiniquais
C’est dans cette région du Moyen-Orient, dans la péninsule arabique de près de 3 millions d’habitants, que s’est installé Stéphane Magdelonnette. Ce jeune martiniquais est superviseur de la conciergerie d'un grand hôtel de luxe.
Je constate l'efficacité de ce système d'usines de dessalement. Les coupures d'eau n'existent pas. D'ailleurs je pense que le gouvernement du Qatar devrait mettre en place plus de campagnes de sensibilisation, pour éviter le gaspillage (...).
Il est aussi nécessaire de rendre ces technologies de dessalement moins chères, pour permettre aux pays à faibles revenus d'en profiter.
Autre exemple : Singapour
La prise de conscience par le gouvernement remonte aux années 60, alors que la majorité de l’eau provenait de Malaisie et qu’un rationnement forcé fut nécessaire.
Depuis, au fur et à mesure que les accords avec le voisin arrivent à expiration, Singapour (un des pays les plus modernes au monde), s’efforce de réduire cette dépendance en développant de nouvelles technologies de recyclage, de dessalement, ou de récupération de l’eau de pluie.
Les centres de recherche sur le sujet se sont donc multipliés, au même titre que l’attractivité pour les grands groupes internationaux (Veolia, Siemens, Général Electric...).
Autant d’initiatives qui font de Singapour l’une des villes pionnières en matière des systèmes d’eau de demain.
(diplomatie.gouv.fr)
Et à Saint-Martin ?
Plus proche de la Martinique géographiquement, la collectivité de Saint-Martin (53 km² ), faute d'humidité suffisante, a aussi fait le choix du dessalement de l’eau de mer depuis 1966, afin d’approvisionner la population.
En 2006, une nouvelle génération d'usine de production a vu le jour en partie française. Les appareils thermiques ont été abandonnés au profit d’installations en osmose inverse. C'est un système de purification de l’eau, utilisant un procédé de filtrage ultrafin, qui ne laisse passer que les molécules d’eau. Mais la structure a été endommagée par le cyclone Irma (le 6 septembre 2017). Les services de l’État via l’entreprise Véolia, ont dû acheminer sur place une unité mobile en provenance de l'Espagne, afin de répondre provisoirement aux besoins urgents des habitants en eau potable, le temps de remettre l'infrastructure d'origine en état.
Depuis le 1er décembre 2018, la DSP (Délégation du Service Public) de l’eau a été confiée pour une décennie à la Saur, qui alimente 35 000 consommateurs chaque jour, grâce à l'ouvrage redevenu opérationnel.
Celui-ci a une capacité de 9 000 m3 /jour, 6 réservoirs, pour une capacité de stockage de 16 000 m3, 6 postes de relevage et stations de surpression, 141 km de réseau et 55 km de branchements.
(Source : saur.com)
"Il y a assez d’eau disponible en Martinique"
Daniel Marie-Sainte, conseiller exécutif en charge des infrastructures à la Collectivité Territoriale de Martinique, n’a visiblement pas la même lecture de la situation que les usagers qui subissent la pénurie depuis plusieurs mois.
Dans un texte posté sur sa page Facebook le 29 mai 2020, l’ex ingénieur en chef des services techniques de la ville de Fort-de-France, estime qu'"il y a assez d'eau disponible en Martinique pour satisfaire les besoins de toute la population".
D'après l'élu, 3 réformes structurelles sont "nécessaires" :
1°) Au lieu de 3 autorités de gestion de l'eau qui se renvoient la balle, il faut, comme pour le transport de personnes, une seule autorité politique pour la gestion de l'eau.
2°) Il faut l'inter-connexion de tous les réseaux pour que l'eau qui existe en abondance au Nord Est et Ouest puisse, non seulement desservir le Nord, mais aussi parvenir au Centre et au Sud.
3°) Enfin, il faut changer toutes les canalisations vieillissantes et pourries sur le territoire de Fort-de-France, qui perdent dans le sol pus de 40% de l'eau produite par la CACEM !
Daniel Marie-Sainte précise encore que "les crédits, prévus au "Plan DOM EAU, ont déjà été votés pour cela par la CTM (le 5 juin 2018), l'Office de l'Eau, l'Etat et l'Europe. La CACEM n'a qu'à ajouter sa contribution et faire faire les travaux !
Le conseiller ajoute :
Je ne sais ce que la CACEM et sa régie Odyssi attendaient depuis 2 ans !
Dans un post précédent (daté du 8 mai 2020), Daniel Marie-Sainte avait déjà lancé une première flèche en direction des communautés d'agglomérations.
Les actuels présidents des EPCI veulent-ils renoncer à leurs pouvoirs actuels ?
Ce que j'observe me fait douter ! C'est pour cela qu'il faut, hélas, une loi votée par le Parlement français pour imposer cela.
Mais quid de la responsabilité de la CTM ?
Depuis le 1er janvier 2017, les services d’eau sont (officiellement) assurés par les 3 communautés d'agglomérations de communes de l’île : CAP Nord Martinique (Communauté d’Agglomération du Pays Nord Martinique), CAESM (Communauté d’Agglomération des Communes de l’Espace Sud) et la CACEM (Communauté d’Agglomération du CEntre de la Martinique).
Cette nouvelle organisation territoriale de la République découle de la loi NOTRe (du 7 août 2015)
Mais la collectivité majeure (la CTM) reste "un des acteurs majeurs de la gestion de l'eau et des milieux aquatiques en Martinique" souligne l'Observatoire de l'Eau.
Elle intervient en particulier dans :
• l'appui technique et financier aux communes pour l'amélioration des installations d’eau potable et d'assainissement (...),
• la production d'eau potable avec l'exploitation de l'usine de Vivé,
• la gestion du PISE, (Périmètre Irrigué du Sud Est), et notamment la retenue d'eau de la Manzo (...),
• diverses actions pour la préservation de la ressource en eau.
(Source : observatoire-eau-martinique.fr)
La Collectivité Territoriale de Martinique ne saurait donc se soustraire à ses responsabilités dans la gestion de ce délicat dossier de l’eau, en renvoyant dos à dos les 3 communautés d’agglomérations. Celles-ci avaient jusqu’au 1er janvier 2020 au plus tard pour s’approprier leurs nouvelles compétences en la matière, dans un contexte budgétaire contraint.
Et dans ce jeu de balle, ce sont toujours les abonnées qui trinquent depuis des années, d'où leur ras-le-bol exprimé régulièrement sur les réseaux sociaux, avec dans certains cas, des témoignages désespérés. Alors pourquoi pas "une usine de dessalement pour pallier définitivement nos problèmes d'eau courante en 2020" ?" se demandent certains d'entre eux. "Qu'est-ce qui manque ?", s'interrogent d'autres, afin de mettre un terme à cette situation. Une volonté politique peut-être ?