Depuis le début de la semaine du 4 novembre 2024, les violences urbaines se sont estompées en Martinique après plusieurs jours de face-à-face tendus et d’affrontements entre casseurs, pilleurs, incendiaires, délinquants armés et les forces de l’ordre. Que ce soit dans les rangs de la gendarmerie mobile où ceux de la police nationale, les dernières semaines ont été éprouvantes sur le terrain, en marge de la mobilisation (toujours en cours) contre la vie chère, comme partout ailleurs en Outre-mer.
La situation était si explosive par endroits qu’il a fallu renforcer les effectifs militaires et policiers, à la demande notamment des syndicats des gardiens de la paix. Ces derniers n’étant pas formés pour rétablir l’ordre sur la voie publique, des agents d’une CRS ont donc été dépêchés dans l’île au lendemain des premières scènes de désordre, survenues d’abord au quartier Sainte-Thérèse à Fort-de-France.
"Protection des personnes et des biens"
Placées, sauf circonstances exceptionnelles, sous l’autorité du ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer, les C.R.S. [Compagnies Républicaines de Sécurité] forment depuis 1948, la réserve générale la police nationale. À ce titre, elles concourent sur l’ensemble du territoire au maintien de l’ordre, à la protection des personnes et des biens, tout en assurant des missions spécialisées de surveillance et de secours. Forces mobiles au service d’un État garant des libertés et du bon fonctionnement des institutions, elles contribuent activement aux missions régaliennes de sécurité.
police-nationale.interieur.gouv.fr
C’est la CRS 8, une des 60 compagnies de service général qui a été déployée avec près de 150 agents principalement au centre du territoire. Celle-ci "a pour vocation d’être engagée sur les phénomènes de violences urbaines et les opérations de maintien de l’ordre de haute intensité".
Mais ces forces de sécurité sont parfois rudement critiquées par une partie de l’opinion, en dépit de missions très contrôlées par leur hiérarchie et durant lesquelles la vie des hommes est souvent exposée.
Ils sont formés, entraînés et habitués à ce genre d’opérations. On intervient dans des situations difficiles, on rétablit et on maintient l’ordre public, ce qui n’est pas forcément bien vu. Mais on le fait dans un cadre réglementaire, du respect des lois et de la déontologie policière. Il faut savoir que la police est l’administration la plus contrôlée de la fonction publique. Par exemple pour l’utilisation des grenades lacrymogènes, on sait comment et à quel moment utiliser ces moyens (…) mais quand les agents sont attaqués directement, il n’y a pas besoin de sommations. En revanche, pour le maintien de l’ordre je dirai "classique", trois sommations sont faites en amont de l'intervention, afin d'inciter la foule à quitter les lieux, ce qui est aussi valable pour les gendarmes mobiles.
Johann Cavalléro, délégué national CRS du syndicat Alliance (de passage en Martinique)
Autres missions des CRS
Les Compagnies Républicaines de Sécurité ont aussi pour mission de "lutter contre l’insécurité routière et d’assurer la police des grands axes périurbains, de participer au niveau 2 (intermédiaire) du schéma national d’intervention, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, d'extraire les victimes d’attentats et d’apporter leur concours aux services de la Police Aux Frontières (PAF) dans le contrôle de la circulation des personnes aux frontières terrestres, maritimes et aériennes".
Le périmètre d’intervention de ces unités spécialisées comprend également des "missions d'escorte de protection des hautes personnalités et la sécurité des résidences officielles en France et des ambassades françaises à l'étranger", ou encore le "secours aux victimes en montagne et sur le littoral".
La CRS 8 relevée en Martinique
Selon nos informations, deux nouveaux contingents de policiers (81 et 83) affectés eux aussi au maintien de l’ordre, ont relevé la CRS 8 ces derniers jours en Martinique.