Il paraissait plus logique que Siteny Randrianasoloniaiko décroche la deuxième place, le seul candidat en dehors d'Andry Rajoelina à avoir mené campagne. Il n'en est rien. C'est un duel Andey Rajoelina et Marc Ravalomanana qui sort des urnes. Visiblement, on ne peut pas parler de surprise puisque l'ancien président est très apprécié par les Malgaches. Ils l'appellent dada, le père bienveillant.
En obtenant 11% des suffrages, selon les premiers chiffres de la CENI, la commission électorale nationale indépendante, il remonte d'office sur le ring contre son ennemi de toujours. En 2009, alors à la tête du pays, Marc Ravalomanana est contraint de quitter le pouvoir à causer du coup d'état d'Andry Rajoelina. Il a dû s'exiler plusieurs années en Afrique du Sud. Il est battu par le même homme en 2018.
Marc Ravalomanana peut aujourd'hui se targuer d'une belle revanche si ce n'est une double victoire. Il gagne la deuxième position alors que lui-même n'a pas voté et le faible taux de participation, aux alentours de 20%, sous-entend que son appel au boycott a été suivi.
Marc Ravalomanana a toujours été une menace sérieuse pour Andry Rajoelina. Durant plusieurs semaines, avec les autres candidats opposants, ils ont manifesté dans la capitale Antananarivo. Des manifestations souvent réprimées par les forces de l'ordre à coups de tirs de gaz lacrymogène. Il était impensable pour le pouvoir en place de laisser les opposants atteindre la place du 13 mai, ce lieu même où autrefois Andry Rajoelina a renversé Marc Ravalomanana.
L'histoire se serait alors répétée mais dans l'autre sens. À l’issue de ce 1er tour présidentiel Andry Rajoelina arrive en tête avec plus de 70% des voix, un résultat provisoire marqué par une abstention record.
S'il est élu président dans ce contexte, c'est toute sa légitimité qui sera une nouvelle au cœur des débats.