Depuis le lundi 16 décembre, une distribution d'urgence a été organisée dans au moins un village par commune, indique la préfecture dans son dernier point de situation. Beaucoup d'habitants attendent pourtant désespérément d'être ravitaillés. "Il a fallu construire une chaîne logistique en pratiquement deux jours, à ce soir (ndlr : le samedi 21 décembre) ce sont 220 tonnes de marchandises qui ont été transportées. C'est un exploit", insiste le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville. "Je fais les choses avec les maires de chaque commune, mon interlocuteur, c'est le maire avec sa capacité à redistribuer dans sa commune."
Un défi logistique
"Nous avons délivré de l'eau et, ou, des marchandises dans les 17 communes. Il est possible que dans ces communes, certains villages n'aient pas été approvisionnés. Nous allons continuer à délivrer cette eau et cette marchandise, nous y travaillons d'arrache-pied tous les jours", poursuit le préfet en détaillant le dispositif logistique : une noria de camions, "entre 12 et 15 avions" qui se posent tous les jours à l'aéroport, ainsi que le porte-conteneurs de la CMA-CGM attendu ce dimanche soir avec 1,6 million de litres d'eau. Une deuxième livraison est notamment prévue pour le 29 décembre.
Ce samedi 21 décembre, sept distributions d'eau étaient annoncées dans un communiqué d'information à la population : à Dzaoudzi-Labattoir, Pamandzi, Sada et Chiconi le matin. À Cavani, Poroani et Mtsangaboua l'après-midi. En fin de journée, la préfecture annonçait dans son point de situation avoir également organisé des distributions d'urgence à Kawéni, Tsingoni, Dapani, Mtsamboro, Bouéni et Acoua. Bien souvent, lorsque les distributions débutent, l'information circule via le bouche à oreille ou des groupes Whatsapp, pour les secteurs encore couverts par le réseau de communication. "Quand je suis rentré, j'ai appris que des bouteilles d'eau avaient été distribuées, ça a été annoncé avec un mégaphone", raconte ce dimanche Erwan, enseignant à M'tsamboro. "Je n'avais pas l'information, j'étais justement à Mamoudzou pour essayer d'avoir du réseau, d'appeler mes proches et me renseigner."
"Ce n'est pas la bonne manière de faire"
Symbole de ces tensions : Emmanuel Macron a été interpellé sur le sujet lors de sa visite à Tsingoni le vendredi 20 décembre. "Ils ont largué hier soir des bouteilles d'eau sur le terrain de foot, heureusement on est une population sage qui ne se bouscule pas, mais ce n'est pas la meilleure manière de faire", a dénoncé Badirou Abdou agent à la municipalité. "On ne sait même pas à qui elle est destinée, comment la répartir, personne n'était au courant." Pour le chef de l'Etat, c'était la méthode la plus rapide face au difficulté d'accès par la route, "mais on fera mieux dans les prochains jours."
La mairie de Mamoudzou indique ce dimanche "être tributaire des livraisons effectuées par la préfecture" et ne pas pouvoir communiquer à l'avance. Un planning devrait être transmis prochainement par la ville en lien avec les services de l'Etat, indique la municipalité. La création d'une cellule de planification logistique a également été annoncée lors de la réunion ce samedi de la cellule interministérielle de crise. De son côté, la préfet va effectuer une tournée pour rencontrer les maires, comme il l'avait fait durant cette semaine notamment faute d'autres moyens de communication. L'installation d'équipements pour se connecter au réseau satellitaire est également prévue dans toutes les mairies de Grande-Terre, à l'exception de Mamoudzou, afin de faciliter les communications avec les élus. Une centaine d'antennes ont également été commandées pour couvrir les points stratégiques du territoire.