Emmanuel Roux est professeur de droit public, vice-président de l’Université de Nîmes, doyen de l’Université de droit et administrateur du centre universitaire de Mayotte. Ce projet, initié en 2010, c’est un peu son bébé.
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Comment êtes-vous arrivé à Mayotte ?
J’ai été convoqué par le directeur de l’enseignement supérieur en juillet 2010. Il m’a demandé de concrétiser les promesses du président Sarkozy qui avait annoncé l’ouverture de formations universitaire à Mayotte pour la rentrée 2011. Je connaissais l’île pour avoir enseigné le droit public à l’Université de La Réunion en 2001. J’avais alors travaillé sur le statut de Mayotte, et le centre de recherches administratives d’Aix auquel je suis rattaché a continué à publier des études sur le sujet. En 2003, on m’a demandé de mettre en place les formations juridiques pour les territoriaux. Je suis donc très régulièrement à Mayotte depuis plus de dix ans.
Au moment de monter le projet universitaire, quel était la situation éducative de Mayotte ?
Très compliquée à tous les niveaux. Dans le primaire et le secondaire, le manque de places est criant et l’Etat a beaucoup de mal à accueillir l’ensemble des élèves. Les classes sont surchargées et on manque d’enseignants. Il y a aussi l’obstacle de la pratique délicate du français qui constitue un handicap supplémentaire dans le cadre des études scolaires.
Le taux de réussite au bac est plus faible qu’ailleurs, mais c’est surtout la structure des bacheliers qui est particulière, avec beaucoup de Bac pros, au détriment des Bac généralistes, plus propices à un parcours universitaire. Il y avait tout de même quelques formations universitaires qui avaient été mises en place de façon un peu anarchique, d’une part autour de l’institut de formation de maîtres (IUFM) et d’autre part autour du Conseil général qui faisait un peu de formation continue. On ne partait donc pas de rien.
De quel budget disposiez-vous ?
Si j’ai été choisi pour ce projet, c’est aussi parce que j’ai participé à la fondation de l’Université de Nîmes. Nous y avons mis en place des formations à la force du poignet avec un budget de 5 millions d’euros pour 5000 élèves. Pour Mayotte, nous avons pu disposer d’1,5 millions d’euros pour 1000 élèves. Actuellement, c’est encore l’université de Nîmes qui porte administrativement le centre universitaire de Mayotte, qui recrute les personnels et les enseignants, etc.
Comment s’est passé le passage de la théorie à la pratique ?
Lorsque j’ai été nommé administrateur provisoire, cela a été extraordinaire. Il s’agissait de concrétiser ce que j’avais écrit dans mes rapports. Est-ce que ce que j’avais imaginé pouvait vraiment exister ? J’ai mis en place les fondamentaux de l’établissement, trouvé les maîtres de conférence. J’ai également monté un conseil d’administration provisoire qui a été chargé de réfléchir aux orientations à venir.
Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?
Un seul mot : extraordinaire ! Ce que j’ai vécu n’arrive qu’une fois dans la vie. J’ai énormément travaillé. Je me suis battu sur le plan local comme sur le plan national car beaucoup de gens ne croyaient pas au projet. Chaque étape réussie a été une délectation supplémentaire.
Le centre universitaire de Mayotte peut-il devenir une université de plein exercice dans un avenir proche ?
Non, il faut d’abord qu’il vole de ses propres ailes, qu’il fasse ses preuves, qu’il commence à dialoguer avec des universités partenaire pour mettre en place des formations originales, qu’il étoffe ses équipes de chercheurs… En terme de locaux, nous utilisons actuellement les anciens locaux de l’IUFM, plus des bâtiments en préfabriqué. Je lutte actuellement avec le ministère pour obtenir un amphithéâtre de 200 places pour l’année prochaine. Le campus en tant que tel devrait voir le jour sur un terrain de l’autre côté de la ville de Dembeni.
Votre mandat d’administrateur prend fin le 17 novembre prochain. Allez-vous arrêter de vous occuper de ce projet ?
Cette université, c’est un peu mon bébé. Je suis déjà un père isolé par ce que je suis seul, je ne voudrais pas en plus être un père indigne ! Je continuerai donc à suivre l’évolution de ce projet, mais je serai plus en retrait. Je livre un outil en état de marche. Je pense avoir fait le maximum. Aux autres de prendre la suite. En termes de formation, je pense que l’université devra développer les licences professionnelles, qui sont les diplômes les plus adaptés au marché de l’emploi à Mayotte.
J’ai été convoqué par le directeur de l’enseignement supérieur en juillet 2010. Il m’a demandé de concrétiser les promesses du président Sarkozy qui avait annoncé l’ouverture de formations universitaire à Mayotte pour la rentrée 2011. Je connaissais l’île pour avoir enseigné le droit public à l’Université de La Réunion en 2001. J’avais alors travaillé sur le statut de Mayotte, et le centre de recherches administratives d’Aix auquel je suis rattaché a continué à publier des études sur le sujet. En 2003, on m’a demandé de mettre en place les formations juridiques pour les territoriaux. Je suis donc très régulièrement à Mayotte depuis plus de dix ans.
Au moment de monter le projet universitaire, quel était la situation éducative de Mayotte ?
Très compliquée à tous les niveaux. Dans le primaire et le secondaire, le manque de places est criant et l’Etat a beaucoup de mal à accueillir l’ensemble des élèves. Les classes sont surchargées et on manque d’enseignants. Il y a aussi l’obstacle de la pratique délicate du français qui constitue un handicap supplémentaire dans le cadre des études scolaires.
Le taux de réussite au bac est plus faible qu’ailleurs, mais c’est surtout la structure des bacheliers qui est particulière, avec beaucoup de Bac pros, au détriment des Bac généralistes, plus propices à un parcours universitaire. Il y avait tout de même quelques formations universitaires qui avaient été mises en place de façon un peu anarchique, d’une part autour de l’institut de formation de maîtres (IUFM) et d’autre part autour du Conseil général qui faisait un peu de formation continue. On ne partait donc pas de rien.
De quel budget disposiez-vous ?
Si j’ai été choisi pour ce projet, c’est aussi parce que j’ai participé à la fondation de l’Université de Nîmes. Nous y avons mis en place des formations à la force du poignet avec un budget de 5 millions d’euros pour 5000 élèves. Pour Mayotte, nous avons pu disposer d’1,5 millions d’euros pour 1000 élèves. Actuellement, c’est encore l’université de Nîmes qui porte administrativement le centre universitaire de Mayotte, qui recrute les personnels et les enseignants, etc.
Comment s’est passé le passage de la théorie à la pratique ?
Lorsque j’ai été nommé administrateur provisoire, cela a été extraordinaire. Il s’agissait de concrétiser ce que j’avais écrit dans mes rapports. Est-ce que ce que j’avais imaginé pouvait vraiment exister ? J’ai mis en place les fondamentaux de l’établissement, trouvé les maîtres de conférence. J’ai également monté un conseil d’administration provisoire qui a été chargé de réfléchir aux orientations à venir.
Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?
Un seul mot : extraordinaire ! Ce que j’ai vécu n’arrive qu’une fois dans la vie. J’ai énormément travaillé. Je me suis battu sur le plan local comme sur le plan national car beaucoup de gens ne croyaient pas au projet. Chaque étape réussie a été une délectation supplémentaire.
Le centre universitaire de Mayotte peut-il devenir une université de plein exercice dans un avenir proche ?
Non, il faut d’abord qu’il vole de ses propres ailes, qu’il fasse ses preuves, qu’il commence à dialoguer avec des universités partenaire pour mettre en place des formations originales, qu’il étoffe ses équipes de chercheurs… En terme de locaux, nous utilisons actuellement les anciens locaux de l’IUFM, plus des bâtiments en préfabriqué. Je lutte actuellement avec le ministère pour obtenir un amphithéâtre de 200 places pour l’année prochaine. Le campus en tant que tel devrait voir le jour sur un terrain de l’autre côté de la ville de Dembeni.
Votre mandat d’administrateur prend fin le 17 novembre prochain. Allez-vous arrêter de vous occuper de ce projet ?
Cette université, c’est un peu mon bébé. Je suis déjà un père isolé par ce que je suis seul, je ne voudrais pas en plus être un père indigne ! Je continuerai donc à suivre l’évolution de ce projet, mais je serai plus en retrait. Je livre un outil en état de marche. Je pense avoir fait le maximum. Aux autres de prendre la suite. En termes de formation, je pense que l’université devra développer les licences professionnelles, qui sont les diplômes les plus adaptés au marché de l’emploi à Mayotte.