La cour d’appel de la Réunion dément toute influence

La cour d’appel de Saint-Denis de la Réunion
Le président de la cour d’appel de la Réunion, Dominique Ferrière, a démenti jeudi toute influence dans l’affaire Roukia, du nom de la jeune femme décédée avec de la drogue supposément introduite par des forces de l’ordre.
"Aucune influence ne peut s’exercer sur la justice", a déclaré M. Ferrière lors d’une conférence de presse à Mamoudzou, juridiction pour laquelle sa cour est compétente. Il répondait aux accusations portées dans la presse locale contre l’institution judiciaire qualifiée de "justice coloniale" par l’avocat de la famille de Roukia, Me Mansour Kamardine. "Ce sont des propos calomnieux (...) On cherche à instrumentaliser la mort de Roukia pour déstabiliser la machine judiciaire", a dénoncé Dominique Ferrière.

L’enquête a connu divers rebondissements, notamment le fait que la drogue provenait d’un stock que des gendarmes avaient fourni à des indics comoriens en situation irrégulière à Mayotte. Un bras de fer s’était ensuite installé entre le procureur de la République désireux de dépayser l’affaire à La Réunion et le juge d’instruction de Mayotte. L’affaire est toujours instruite à Mamoudzou.

Vive émotion

L’affaire a également suscité une vive émotion dans la population locale mahoraise, qui estime que la justice chercherait à protéger les personnes mises en cause parce qu’elles sont d’origine métropolitaine.

Par ailleurs, l’enquête avait aussi été marquée par une affaire de fadettes : un magistrat avait demandé les factures détaillées de téléphone d’un de ses collègues qui travaillait sur cette affaire. "Il y a des difficultés internes à l’intérieur du tribunal de grande instance de Mayotte, des difficultés de relations entre collègues", a pudiquement reconnu Dominique Ferrière avant de préciser que "l’Inspection des services devrait formuler des recommandations à cet effet".

Depuis lors, l’instruction de l’affaire Roukia se poursuit dans la discrétion. M. Ferrière a également fait le point sur les réalisations opérées depuis la départementalisation de Mayotte fin mars 2011 : un tribunal de grande instance et une cour d’appel ont été créés.

Il a annoncé la création prochaine d’un tribunal des Prud’hommes. Sans cacher les difficultés de construction d’un nouveau palais de justice dans l’île, il a parlé des aménagements qui sont prévus pour l’instant sur les sites occupés actuellement par les services judiciaires.